POLITIQUEFessée: Punie par le Conseil de l’Europe, la France ne changera pas sa législation

Fessée: Punie par le Conseil de l’Europe, la France ne changera pas sa législation

POLITIQUELaurence Rossignol, la secrétaire d’Etat à la Famille ne veut pas qu’une loi sur la fessée «coupe le pays en deux camps»…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

La loi Taubira sur le mariage pour tous n’a pas laissé que des bons souvenirs au gouvernement. A commencer par les manifestations monstres d’opposition qui ont bloqué les rues françaises, week-end après week-end. Soucieuse de ne pas crisper à nouveau l’opinion publique sur un sujet sociétal, le gouvernement a déjà fait savoir qu’il ne proposerait pas de loi sur la fessée.

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C’est pourtant ce que lui reproche le Conseil de l’Europe. Dans une décision publiée ce mercredi, il estime que la France viole la Charte sociale européenne en n’interdisant, ni par la loi ni par la jurisprudence, les châtiments corporels aux enfants tels que la fessée.

Rossignol préfère une «réflexion collective»

Avertie, comme le veut la procédure, quatre mois avant la publication de cette décision, le gouvernement a eu le temps de préparer sa réponse. Et c’est Laurence Rossignol, la secrétaire d’Etat à la Famille, qui s’est chargée de la faire connaître.

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Consciente que la décision du Conseil de l’Europe n’est que purement symbolique, l’ancienne porte-parole du Parti socialiste a indiqué, dès lundi, que la France devait avoir «une réflexion collective sur l’utilité des punitions corporelles dans l’éducation des enfants» mais qu’elle ne passerait pas par une nouvelle loi. Avec cet argument de poids: Un projet de loi «couperait le pays en deux camps, ceux qui sont pour la fessée et ceux qui sont contre».

Dans l’intimité de chaque foyer

Serpent de mer, le sujet de la fessée revient régulièrement dans le débat porté parfois par des positions radicales. Le problème pour la France, c’est que cette question relève de l’intimité de chaque parent, soucieux de rester maître de l’éducation de sa progéniture.



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«Pour les parents maltraitants, nous avons le code pénal, poursuit ainsi Laurence Rossignol. Pour les autres, il faut les aider à faire autrement et il ne faut pas les disqualifier en leur disant ‘’Le juge va venir s’occuper de ça’’!»

Un amendement écologiste retiré de la loi Famille

Dans son choix politique, le gouvernement peut s’enorgueillir d’avoir le soutien de la plupart des professionnels de la psychologie de l’enfant. Interviewée par 20 Minutes, Nicole Garret-Gloanec, pédopsychiatre installée à Nantes (Loire-Atlantique) confirme par exemple que «la France a plus besoin de faire de la pédagogie auprès des parents que de se faire condamner.»

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Reste à gérer l’opposition politique. Pour l’instant, l’exécutif y est parvenu relativement facilement. Après l’échec d’une première proposition de loi «anti-fessée» en 2010, le gouvernement avait fait retirer un amendement écologiste similaire au moment des débats sur la loi Famille de mai 2014. C’est ce qui s’appelle: «acheter la paix des ménages».