POLEMIQUEVIDEO. Dîner du Crif: Hollande dénonce la «lèpre» que représente l'antisémitisme

VIDEO. Dîner du Crif: Hollande dénonce la «lèpre» que représente l'antisémitisme

POLEMIQUEFrançois Hollande a annoncé un renforcement de l'arsenal répressif...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le président durcit le ton. François Hollande a annoncé un renforcement de l'arsenal répressif contre «tout propos de haine» raciste ou antisémite lors du 30e dîner annuel du Crif, boycotté par les représentants musulmans du CFCM, choqués par des propos de son président Roger Cukierman.



«Il n'y a pas d'antisémitisme ordinaire», a déclaré Hollande parlant d'une «lèpre» qui est «toujours là 70 ans après la Shoah» et que «la France combattra sans faiblesse». Manuel Valls présentera «dans les prochains jours» un plan «aussi complet que concret», a précisé le président.

Des «sanctions plus rapides et plus efficaces» vont être prises. Le président souhaite que «tout propos de haine, raciste, antisémite ou homophobe ne relève plus du droit de la presse mais du droit pénal». De plus, sera renforcé le caractère aggravant de la connotation antisémite d'un délit.

Appel aux groupes Internet

«Nous allons renforcer les outils du droit» contre les personnes tentées par le djihadisme, a dit Hollande, annonçant la présentation en conseil des ministres le 18 mars prochain d'un projet de loi sur le renseignement. Il a insisté sur la dimension européenne de la lutte contre le terrorisme et s'est félicité de l'application «d'ici la fin de l'année» du PNR, la communication des données des passagers aériens.

Dans le prolongement du voyage de Bernard Cazeneuve aux Etats-Unis, où il a convié en France les géants du Net en avril, François Hollande a placé ces majors devant leurs responsabilités: «S'ils ne veulent pas être complices du mal, ils doivent participer à la régulation». «Nous fixerons un cahier des charges clair et précis nous contrôlerons son application.» De plus, les moyens de la plate-forme Pharos de signalement de contenus illicites seront renforcés.

Le CFCM absent

Dans son discours, Roger Cukierman a appelé à une minute de silence en hommage aux victimes du « cauchemar effroyable que nous avons vécu au début de cette année ». Le président du Crif faisait notamment référence aux attaques début janvier contre le magazine satirique Charlie Hebdo et contre un supermarché casher près de Paris, qui ont fait 17 morts dont quatre juifs, ainsi qu'aux récents attentats de Copenhague qui ont fait deux morts dont un juif mi-février.

La soirée a été ternie par l'absence du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de son président Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, qui n'avait jamais fait faux-bond à ce rendez-vous oecuménique religieux et politique.

Le président du Crif Roger Cukierman a provoqué lundi la polémique avec des propos équivoques sur Marine Le Pen et stigmatisants sur les «jeunes musulmans» à quelques heures du dîner de son organisation. Au cocktail apéritif, de très nombreux responsables politiques de droite et de gauche regrettaient cette poussée de fièvre. « C'est très embêtant (...) Là il fait la totale, l'ami Cukierman », a lâché Jean-Paul Huchon, président PS de l'Ile-de-France.

Lors de son arrivée, l'ancien président Nicolas Sarkozy a confié à Serge et Arno Klarsfeld, qui avaient condamné les premiers les propos de Cukierman sur Marine Le Pen: «Heureusement qu'il y a des gens dans la communauté (juive) qui tiennent des propos sensés». Quelques minutes plus tard, il a eu un vif échange avec le numéro 2 du Crif, Francis Khalifa.

Marine Le Pen «ni fréquentable ni irréprochable»

Roger Cukierman a tenté de faire retomber la pression en exprimant, en introduction de son discours, son «vif regret » de l'absence du CFCM. «Juifs et musulmans, nous sommes sur le même bateau, j'espère que le contact sera rapidement rétabli», a déclaré Roger Cukierman, rappelant son amitié «ancienne et sincère» avec Dalil Boubakeur.

Il a réitéré sa mise au point sur la présidente du Front national, qui n'est «ni fréquentable ni irréprochable» tant qu'elle ne se désolidarisera pas des propos de son père. « Nous continuerons à ne pas inviter Mme Le Pen au dîner du Crif et à ne pas conseiller de voter pour le Front national».