INTERVIEWJuifs de France: «La participation aux réunions d’information sur l’Alyah a bondi en janvier»

Juifs de France: «La participation aux réunions d’information sur l’Alyah a bondi en janvier»

INTERVIEWDepuis les attentats de janvier, Daniel Benhaïm, directeur de l'Agence Juive pour Israël, enregistre beaucoup plus de demandes de renseignements pour s’installer en Israël…
Delphine Bancaud

Propos recueillis par Delphine Bancaud

Alors que François Hollande redira ce lundi soir au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) que les Français de confession juive «ont toute leur place en France», Daniel Benhaïm, directeur de l'Agence Juive pour Israël confirme à 20 Minutes que ces derniers pensent davantage à quitter le pays pour Israël.

Recensez-vous davantage de projet d’Alyah depuis les attentats de janvier?

On ne fait pas son Alyah du jour au lendemain car cette démarche est précédée de trois étapes décisives auparavant: la participation à une réunion d’information, la constitution d’un dossier et l’entretien avec un conseiller Alyah. Et à chaque étape, certaines personnes abandonnent la démarche. Mais une chose est sûre: depuis les attentats, la participation aux réunions d’information en Ile-de-France a bondi. En janvier 2014, 300 personnes y participaient, en janvier 2015, il y en avait 3.700. Ce qui témoigne d’une réaction à chaud et d’un questionnement à ce sujet.

Combien avez-vous reçu d’appels?

Actuellement, nous en recevons 700 par jour, c’est trois fois plus que d’habitude. Et lors de notre salon de février relatif aux études en Israël, nous avons comptabilisé 6.000 visiteurs contre 1.500 l’an dernier. Le salon de l’Alyah qui aura lieu en mars devrait connaître le même succès, d’autant qu’il sera itinérant et se déplacera dans les grandes villes de France.

L’an dernier 7.231 juifs de France sont venus s’installer en Israël. Ce nombre va-t-il encore croître en 2015?

On s’attend à la même dynamique. L’effet des attentats sur les chiffres se mesurera réellement d’ici un ou deux ans car il faut du temps pour construire son projet de départ. Les chiffres de l’Alyah 2014 sont ainsi la conséquence de l’affaire Merah.

Les motivations des candidats au départ sont-elles principalement sécuritaires?

Pas uniquement, même si les agressions envers les juifs de France ont été crescendo depuis les quinze dernières années. Mais Israël a aussi une attractivité forte: c’est une économie en pleine croissance, le taux de chômage y est plus faible qu’en France, le climat y est agréable… D’ailleurs, la moitié des 7.231 Français qui s’y sont installés l’an dernier avaient moins de 32 ans.

Les déclarations et mesures politiques annoncées pour lutter contre l’antisémitisme en France peuvent-elles freiner ces départs?

Oui, elles peuvent avoir un effet, car elles montrent que l’Etat français a pleinement pris conscience du problème. Mais certains se demandent si elles n’arrivent pas trop tard.

Quelles sont les mesures d’accompagnement proposées pour toute installation en Israël ?

Une aide financière est proposée les cinq premiers mois suivant l’installation pour permettre aux nouveaux arrivants d’atterrir en douceur. Et chacun a droit à 500 heures de cours d’hébreu dispensées gracieusement.

Combien de personnes reviennent finalement en France et pour quelles raisons?

La greffe ne prend pas pour environ 20% des nouveaux arrivants, généralement pour des raisons économiques. Soit parce que leur formation n’est pas reconnue en Israël, soit parce qu’ils n’en n’ont pas et ne trouvent pas d’emploi. Certains partent alors pour d’autres pays ou reviennent en France et tentent parfois l’Alyah une nouvelle fois quelques années plus tard.