Procès du Carlton: Tranquille, DSK n’a rien lâché à la barre du tribunal
JUSTICE•L’ancien patron du FMI était entendu, ce jeudi, par le tribunal correctionnel de Lille (Nord)…Vincent Vanthighem
De notre envoyé spécial à Lille (Nord)
Discret jusqu’alors, Henri Leclerc s’est avancé à la barre. Les yeux embués de larmes derrière ses épaisses lunettes, le plus célèbre des avocats de Dominique Strauss-Kahn, s’est alors étranglé la voix. «Merci pour tout ce que vous faites et ce que vous êtes. Merci pour ce moment d’humanité dans ce procès glauque…»
>> En direct: Revivez les moments forts de l’audience
Cela faisait une demi-heure que Bernard Lemettre, le président du Nid, une association qui vient en aide aux prostituées, dénonçait la «traite des esclaves» et «l’horreur des bordels belges». Théâtral à souhait, Henri Leclerc n’avait pas à pousser le vice jusqu’à remercier cet homme. Après trois jours d’audition, son illustre client avait déjà assez de raisons de repartir tranquille du tribunal correctionnel de Lille (Nord).
Accusé de «proxénétisme aggravé» dans l’affaire du Carlton, Dominique Strauss-Kahn a en effet vu, une à une, toutes les charges qui pesaient contre lui s’effondrer à la barre. La dernière examinée, ce jeudi, par le tribunal concernait son appartement, soupçonné d’avoir hébergé la prostitution. Le bail n’était pas à son nom car, à l’époque, «j’étais marié», a lâché DSK dans un sourire. Alors oui, il consent que des soirées libertines s’y sont déroulées. Mais il ne connaissait toujours pas le statut des filles. Et surtout, ce n’est pas lui qu’il les a «organisées».
«Tout ce foin pour ça»
Ne restait plus alors qu’à relire les SMS échangés avec son «ami» Fabrice Paskowski. On y parle de «demoiselle» au mieux, de «matériel» au pire. Mais toujours rien qui puisse permettre au tribunal de considérer que Dominique Strauss-Kahn «commandait» des prostituées auprès de son réseau.
Tranquillement, le plus célèbre prévenu de cette affaire est allé se rasseoir sans être mis en difficulté. A la suspension d’audience, l’un de ses conseils ne parvenait pas à dissimuler un large sourire. «Quand on voit tout le foin qu’on a fait pour en arriver là», lâche-t-il. Regardant tout autour de lui, le conseil se voit alors questionné. «Que cherchez-vous?» «Je voudrais toucher du bois, répond-il. Mais il n’y en a pas ici. Remarquez, je ne sais pas si j’en ai vraiment besoin…»