VIOLENCESViolences conjugales: Les hommes battus souffrent en silence

Violences conjugales: Les hommes battus souffrent en silence

VIOLENCESEn moyenne, un homme meurt tous les 14 jours sous les coups de sa compagne...
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

Seuls, dans le silence. Les hommes battus sont-ils l'objet d'un tabou dans notre société? «110.000 hommes se déclarent aujourd’hui victimes de violences conjugales dans les enquêtes de victimation, contre 330.000 femmes», explique Sylvianne Spitzer, fondatrice et présidente de SOS-Hommes battus. «Il est rare que les hommes ayant subi des violences de la part de leur femme portent plainte. Environ 2% le font contre 10% pour les femmes», ajoute la psychologue.

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«Ça fait encore beaucoup sourire»

Selon le rapport 2014 de l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales), 65.068 violences volontaires non mortelles par le conjoint ou l’ex-conjoint ont été constatées par les services de la sécurité publique et de la Gendarmerie nationale en 2013. 89% des victimes déclarées étaient des femmes (57.952).

Pourquoi les hommes sont-ils si peu à porter plainte (7132 en 2013)? «J’étais psychologiquement verrouillé. Je ne me voyais pas sortir cette information par rapport au tabou que ça impliquait. J’aurais été pointé du doigt», témoigne Maxime Gaget, auteur de Ma compagne, mon bourreau. «Il y a une part de honte dans la mesure où la masculinité se prend une belle claque», ajoute celui qui a vécu sous les coups de sa compagne pendant 17 mois.

«Ça fait encore beaucoup sourire. Notre association leur apporte avant tout un soutien psychologique et une orientation juridique. Certains commissariats refusent de prendre une main courante. Pouvoir être cru, être entendu, pouvoir pleurer et se poser en victime, c’est très important», précise Sylvianne Spitzer.

«Le tabou est surtout politique»

Son association recevrait environ 3.500 demandes d’aide par an. «Le tabou est surtout politique. Les axes de préventions sont concentrés sur les femmes, qui sont les premières victimes. Mais on laisse de côté les hommes battus, comme s’ils n’existaient pas», regrette-t-elle.

«En moyenne, une femme décède tous les 3 jours et un homme tous les 14,5 jours sous les coups de leur compagne ou compagnon ou ex», rapporte le ministère de l’Intérieur. Sur les 146 décès enregistrés en 2013, 25 étaient des hommes.