Cour des comptes: La fermeture de certains restos U est mise sur la table
UNIVERISTE•Notamment dans les villes moyennes où les structures ont été mal pensées...M.P.
Les restaurants universitaires ne font plus recette. C’est la conclusion que tire la Cour des comptes dans son rapport annuel rendu public ce mercredi. Dans la partie où elle étudie le réseau des CROUS (Centre régional des œuvres universitaire et scolaire, la Cour juge que «le déficit de la restauration est la principale cause des difficultés financières que rencontrent les CROUS».
Malgré la hausse de 14% du prix du ticket en 6 ans, désormais à 3,20 euros, la part du chiffre d’affaires venant de la restauration ne représente plus que 32% du chiffre global contre 36% en 2008. En six ans, la fréquentation n'a cessé de baisser. Elle est passée en 2008-2009 de 52,9 millions de repas à 45,9 millions de repas servis en 2013-2014.
70% des repas entre septembre et février
Une désaffection qui s’explique par une préférence des étudiants pour des enseignes de restauration rapide et par la réforme des rythmes universitaires, développe la Cour des comptes. Les cours s’interrompent désormais dès fin avril et plus d’étudiants passent une partie de l’année à l’étranger ce qui aboutit, de fait, à ce que 70% des repas soient désormais servis entre septembre et février. Résultat, les CROUS se diversifient, notamment en se développant sur le secteur de la restauration non étudiante exceptionnelle qui représente pas moins de 24% des recettes (47 millions d'euros) en 2013, quand les distributeurs, mine de rien, rapportent 6 millions d'euros.
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Et même si le Crous se diversifie pour tenter de concurrencer la restauration rapide, la Cour des comptes pointe en fait l’inadéquation de certaines structures avec leurs cibles, notamment dans les moyennes communes. Et de lister quelques cas. A Rennes (Ile-et-Vilaine), le CROUS a trois restaurants universitaires (RU)… tous à un pâté de maison de distance. La Brasserie Hoche (179 places) se trouve à 500 mètres du restaurant Fougères (598 places) qui est à 500 mètres du restaurant Duchesse Anne (470 places).
Des locaux surdimensionnés ou mal implantés
A Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), le RU a été construit à plus d’1 km du campus… Entre 2008 et 2013, le nombre de plateaux-repas livrés a baissé de 22% (69.000 repas contre 53.500). C'est l’un des moins rentables de Bretagne.
Dans l’académie de Créteil, le CROUS a construit des structures à proximité de sites universitaires trop petits, comme Montreuil (Seine-Saint-Denis), Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) ou Torcy (Seine-et-Marne), d’où, logiquement, une faible fréquentation. Au Creusot (Saône-et-Loire), un premier RU a d’abord été construit a plus de quinze minutes de marche du centre universitaire, ce qui a réduit sa fréquentation. Se rendant compte de son erreur, le CROUS en construit un nouveau, plus proche de l’université, mais surdimensionné par rapport au nombre d’étudiants… tout en payant toujours le loyer de l’ancien RU.
En conclusion, la Cour des comptes juge que vu le contexte budgétaire, l’Etat doit envisager des fermetures de restaurants et cafétérias. Ou réfléchir à la transformer en «locaux multiservices intégrant une unité de restauration réduite, un espace associatif, des services courants ou un accueil administratif et social.»