Réforme du permis: Pourquoi les patrons des auto-écoles grognent-ils?
SOCIAL•«20 Minutes» fait le point sur le conflit entre la profession et le gouvernement...Delphine Bancaud
Ce lundi, il y risque d’y avoir d’énormes bouchons sur les routes. Quatre organisations représentants les patrons d’auto-écoles ont en effet appelé à bloquer les routes dans treize grandes villes en régions et en Ile-de-France afin de manifester contre la réforme du permis de conduire en cours d'examen au Parlement. 20 Minutes vous aide à tout comprendre de ce dossier.
Quel est l’objectif de la réforme du permis?
Il s’agit de réduire les délais d’attente trop longs des candidats au permis de conduire car 40% d’entre eux voient s’écouler plus d’un an entre une première inscription à l’épreuve de conduite et leur convocation pour celle-ci. Et le délai moyen d’attente entre deux présentations au permis B était de 98 jours en 2013 et peut même aller jusqu’à 200 jours. Le but de la réforme est de le faire passer à 45 jours. En jeu aussi le coût du permis qui devient prohibitif pour beaucoup de Français. Selon le ministère de l’Economie, l’examen du permis de conduire coûte en moyenne 1.500 euros. Et le tarif varie parfois du simple au triple: il faut ainsi compter 1.100 euros pour ceux qui passent la conduite accompagnée et parfois plus de 3.000 euros pour ceux qui échouent dans le cadre d’un apprentissage classique.
Quelles sont les mesures qui suscitent la polémique?
La possibilité pour les loueurs de voiture équipée de double commande de former les conducteurs, tout comme le recours à d'autres intervenants que les inspecteurs (des agents publics ou contractuels, notamment des postiers) pour les examens pratiques au permis font hurler les professionnels. La suppression du seuil minimal de 20 heures de conduite avant de passer le permis est aussi prévue afin de «mieux correspondre aux besoins réels» des candidats. Les professionnels refusent également que l'évaluation initiale puisse se faire à distance, sans contact direct avec un professionnel, comme le prévoit la loi. Cela représenterait un manque à gagner pour eux.
Quelles sont les routes bloquées ce lundi?
Des centaines de voitures d'auto-écoles mènent des opérations-escargot, perturbant la circulation sur plusieurs axes routiers en France. En région parisienne, entre 750 et 1.000 véhicules convergeaient ce lundi matin vers Paris, répartis entre la porte d'Auteuil (environ 200 voitures), un cortège venant des Yvelines (150 véhicules) et un convoi de 400 à 600 voitures en provenance de Rosny-sous-Bois. Ce convoi devrait arriver à Ecole militaire en fin de matinée. Le trafic est fortement ralenti sur l'A13 entre Poissy (Yvelines) et Paris, selon le Centre national d'information routière, mais le cumul des bouchons enregistrés autour de la capitale est comparable au trafic habituel. A Marseille, dès 7h, plus de 500 voitures d'auto-écoles de la région bloquaient la circulation dans le centre ce lundi matin, ne laissant passer les véhicules que sur une seule voie et provoquant un important bouchon. A Nancy, 200 à 300 voitures d'auto-écoles ont perturbé la circulation. A Bordeaux, 200 voitures venues de Poitou-Charentes, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques se sont à partir de 8h30, au centre routier départemental de Bordeaux Lac. Même type de cortège à Lyon, avec 170 auto-écoles selon la préfecture, escortés de trois poids lourds, qui ont entamé une opération escargot dans le centre-ville, dans la matinée.
Où en sont les discussions?
Le texte a été débattu à l’Assemblée dans le cadre du projet de loi Macron. Mais les professionnels et le rapporteur de la réforme, Gilles Savary, se rencontreront mardi, les premiers souhaitant faire évoluer le contenu de la loi Macron. Pas sûr qu’ils y parviennent car le gouvernement affiche sa fermeté sur ce dossier. «On discute, bien sûr, mais on ne cède pas», a ainsi déclaré Manuel Valls ce lundi sur Europe 1.