Les papas mettent aussi la main à la pâte en matière de transmission culinaire
CUISINE•Révélée par «20 Minutes», une enquête de l’Ifop nous apprend que les hommes aussi n’hésitent pas à transmettre leur savoir culinaire à leurs proches…Vincent Vanthighem
Pendant longtemps, la recette des délicieux amaretti de Mémé Rose était conservée sous clé dans la maison familiale de Spadola (Calabre, Italie). Et puis, un beau jour, la vieille dame a décidé de l’offrir –avec tout le cérémonial qui sied à cette gourmandise à l’amande– à sa petite-fille qui vit à Paris. Mémé Rose n’est pas la seule à se faire un devoir de transmettre tout son savoir culinaire.
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Réalisée pour l’Observatoire des cuisines populaires (OCPOP), une enquête de l’Ifop*, révélée ce mercredi par 20 Minutes, nous apprend ainsi que l’apprentissage de la cuisine se fait, tout au long de la vie, avec l’aide de quelqu’un dans 75% des cas. Pour 48% des cuisiniers, c’est sans surprise la mère qui fait office de professeur privilégié pour apprendre à faire une béchamel ou un fondant au chocolat. Viennent ensuite les grands-mères telles que Mémé Rose (12%). Mais les pères de famille ne sont pas, non plus, en reste puisque 9% des sondés indiquent avoir appris à mitonner des bons petits plats grâce à eux.
Une «corvée» pour les femmes, un «plaisir» pour les hommes
«Nous n’attendions pas les hommes à un tel niveau, analyse Eric Roux, porte-parole de l’OCPOP. Bien sûr, l’étude confirme la tendance majoritaire qui veut que la mère apprenne à sa fille. Mais le rôle des pères est très intéressant.» Car il illustre aussi une différence notable dans l’art d’aborder la cuisine. Si les mamans enseignent surtout les rudiments permettant à leur progéniture de se débrouiller seul (comment cuire les pâtes), les papas, eux, transmettent surtout le «plaisir de bien manger» et «l’art de sélectionner les produits», assure l’étude de l’Ifop.
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«Cela révélateur de notre société, décrypte Thibaut de Saint Pol, sociologue à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po). Les femmes sont plus dans la cuisine du quotidien, celle considérée comme une ‘’nécessité’’, voire une ‘’corvée’’. Les hommes, de leur côté, s’illustrent lors de grandes occasions. Ils sont plus dans la cuisine ‘’plaisir’’ et c’est ça qu’ils enseignent à leurs proches.»
Sur Marmiton, les jeunes hommes rattrapent les femmes
Cofondateur de la plate-forme de partage de recettes Marmiton, Christophe Duhamel assiste, lui aussi, à un rééquilibrage des forces en présence en matière de cuisine. «Au total, nous avons environ 65% de femmes pour 35% d’hommes sur notre site, confie-t-il à 20 Minutes. Mais si l’on se focalise sur la jeune génération, l’écart de réduit et tend vers la parité avec 55% de femmes pour 45% d’hommes…»
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Autre point positif dévoilé par l’étude, nous ne sommes pas prêts à manger n’importe quoi en France. Si le temps consacré quotidiennement à la cuisine est en chute libre –53 minutes contre 1h11 en 1986– la plupart des sondés indiquent qu’ils sont disposés à apprendre de nouvelles techniques pour «le plaisir des autres» (50%) et pour que leurs proches mangent «équilibré et varié» (30%). Surtout, 60% des personnes interrogées indiquent qu’à leur tour, elles sont disposées à donner leurs petits trucs de cuisine aux autres. Les amaretti de Mémé Rose ont encore de beaux jours devant eux.
* Enquête réalisée en ligne par l'Ifop du 14 au 19 novembre 2014 auprès de 1.000 individus, selon la méthode des quotas