Tourisme: Quelle assistance pour ceux qui voyagent dans les pays à risques?
VOYAGE•Quand, malgré les précautions, le gros pépin arrive dans un pays où les sociétés d'assitance n'opèrent pas...Maud Pierron
Afghanistan, Somalie, Yemen… Ces pays font rêver des voyageurs aventureux, avides de sortir des sentiers battus, bravant les consignes du Quai d'Orsay qui déconseille formellement d'y voyager.
>> Lire ici les témoignages des baroudeurs de l'extrême
Chacun à son conseil pour limiter les risques: préparation rigoureuse en amont, ne jamais donner son itinéraire aux forces de sécurité locales, prendre un contact local de confiance, garder le sourire... Mais ces principes paraissent bien minces au regard de la situation sécuritaire de certains pays visités.
De l’urgence sanitaire au vol de carte bleue
Sans parler d’enlèvement, le baroudeur de l'extrême peut être confronté, comme tout touriste, à des désagréments plus ou moins grave, de l’urgence sanitaire au vol de carte bleue, ou au conflit judiciaire. Sauf qu’à la différence du touriste lambda, aucune société d'assistance ne prend en charge des clients dans les pays en guerre ou en conflit. «On ne peut couvrir un pays où on ne peut pas intervenir car les frontières sont fermées, les aéroports aussi et que cela mettrait en danger nos équipes sanitaires», explique Nicolas Gusdorf, président du syndicat national des société d'assistance.
«Quand on va dans ce type de pays et qu’on commence à penser aux assurances, on ne part plus», relativise Clément. Lui est parti au Kurdistan irakien, «avant l’offensive de Daesh, c’était plutôt sûr», précise-t-il et en Iran et n’a aucun souci à déplorer, si ce n’est une "banale" tentative de vol déjouée à Téhéran. «Si ça avait mal tourné, les conséquences auraient probablement été plus graves que dans un pays classique», reconnait-il toutefois. «Tous les voyages sont à risques, mais tant que l'on en est conscient, ça se passe mieux, témoigne Vincent, qui est allé en Afghanistan. Je suis jeune, j'ai pris le risque de ne pas être couvert. Pour l'instant, j'ai bien fait mais je fais attention aussi à ce que je fais», assure-t-il.
Traceur satellite
Certains tentent toutefois de se «border» en amont. Florent, par exemple, part en voyage à moto de France jusqu’en Mongolie, en passant par l’Afghanistan. Il est déjà allé à la frontière et malgré ses appréhensions, la «beauté à couper le souffle» des paysages l’ont convaincus d'aller dans cette région afghane considérée comme hostile aux talibans. Mais pour sa sécurité, il a acheté un traceur satellite, qui envoie ses coordonnées constamment et pris un abonnement à une société américaine de sécurité. Et lorsqu’il appuie sur le bouton «secours» du traceur, cela met en route un procédure d’urgence où la compagnie déploie tout un processus pour le retrouver. «ça marche, un de mes copains l’avait déclenché par erreur», témoigne-t-il. «On n’est plus dans de l’assistance, mais dans de la sécurité. Avec possibilité d’intervention pour des enlèvements. C'est très cher et souvent réservé aux sociétés qui opèrent dans des zones sensibles», relève Nicolas Gusdorf.
Mais dans tous les cas, les Français peuvent compter sur le réseau diplomatique français. «Dans la mesure de notre présence, de nos moyens et de la situation, les ambassades et consulats portent assistance aux Français qui en ont besoin, où qu'ils se trouvent», explique-t-on au Quai d’Orsay. Il peut être demandé à une société d’assistance de venir dépanner un français blessé, si la situation sécuritaire est préservée, ou demander à une équipe locale d’intervenir, en lien avec les autorités du pays. «Les modalités pratiques dépendent des pays et de la coopération que nous avons». Mais souligne-t-on, ces cas sont extrêmement rares et mobilisent beaucoup moins que les milliers de Français qui ont des problèmes après s'être mal comportés sur les plages thaïlandaises, mexicaines ou dominicaines.