CITOYENNETEAttentat à «Charlie Hebdo»: La marche des lycéens de Bordeaux à Paris atteint son but

Attentat à «Charlie Hebdo»: La marche des lycéens de Bordeaux à Paris atteint son but

CITOYENNETEDes lycéens aquitains ont lancé il y a dix jours une marche depuis Bordeaux jusqu'au siège de «Charlie Hebdo», égrainée de rencontres et de débats pour défendre liberté et solidarité...
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Depuis dix jours, ils usent leurs semelles et leurs cordes vocales. Mardi 13 janvier, ils partirent neuf de Bordeaux à pied pour Montendre en Charente-Maritime. Et espéraient arriver bien plus nombreux devant Charlie Hebdo ce vendredi après-midi. Sur les 500 km parcourus en dix jours, à pied ou en bus, ces jeunes ont voulu répandre une parole de paix, de liberté et de solidarité.

Ce vendredi matin, la cinquantaine de marcheurs attendait à Créteil (Val-de-Marne) que la police les escorte pour rejoindre à 14h la porte de Vincennes, où ils rendront hommage aux victimes devant l’Hyper Cacher. Avant de remonter vers le XIe où ils atteindront leur but: les locaux de Charlie Hebdo. «En entrant à Paris, on espère être plus nombreux, avoue Joffrey, un Lillois de 19 ans qui a rejoint la marche dimanche dernier. On va passer devant plusieurs lycées et faire un maximum de bruit pour les encourager à nous rejoindre.»

>> Retrouvez notre reportage au lancement de la marche à Bordeaux

La liberté et la solidarité en bandoulière

Une jeunesse motivée, parfois rejointe par les parents, qui veut diffuser un message pour davantage de «vivre ensemble». Avec des rencontres marquantes. Florient marche, lui, depuis Bordeaux. Ce photographe indépendant immortalise ce mouvement spontané de solidarité. «Les événements m’ont bouleversé. Sur la route, on a rencontré des personnes âgées qui ont vécu la guerre. Ils nous avouaient leur déception de voir que les gens ne s’entraident plus. Nous voulons répéter qu’on est tous différents mais tous égaux». «Personnellement j’ai été touché par l’histoire d’un réfugié politique iranien qui marche avec nous, explique Joffrey. Dans certains pays comme l’Iran ou Turquie on n’a pas la chance d’avoir les mêmes libertés en France.»

Après avoir aidé côté logistique en coulisse, Redouane, 18 ans, a rejoint cette marche apolitique jeudi à Lieusaint (Seine-et-Marne). «On aimerait que ces événements dramatiques rapprochent les gens au lieu de les diviser. La diversité en France, ce n’est pas une tare mais une fierté. Même ceux qui marchent 5 mètres ont leur importance.»

L’affiche «Je suis Charlie» a disparu

Quelques symboles ont disparu en cours de route. Notamment une affiche «Je suis Charlie». «On a rencontré quelques lycéens qui nous ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie. Nous ne défendons pas les propos de Charlie Hebdo, mais la liberté d’expression, souligne Joffrey. C’est vrai qu’il y a eu des incidents dans les lycées, mais c’est le fait d’une minorité.» «On a été choqué autant par les victimes des attentats que par les attaques de mosquées, reprend Redouane. Dans le cortège les personnes de tous horizons, politiques, religieux se côtoient et échangent.»

Après Charlie Hebdo, le cortège se rendra place de la République. La marche atteint son but ce vendredi, mais la démarche pourrait se poursuivre. «Je pense qu’on va rester en contact c’est une expérience enrichissante», avoue Joffrey. «On va réfléchir à monter d’autres actions plus concrètes après la marche sur les mêmes valeurs.» Les deux conseils des délégués pour la vie lycéenne (CVL) du lycée Montaigne de Bordeaux et Voltaire d’Orléans vont travailler ensemble pour lancer un projet.