Lutte contre le terrorisme : Le «PNR» ou «fichier des passagers aériens» fait débat
SÉCURITÉ•Ce système devrait être prêt en septembre en France, «20 Minutes» vous explique en quoi il consiste...Faustine Vincent
Après les attentats qui ont frappé Paris la semaine dernière, la France veut renforcer son dispositif pour lutter contre le terrorisme. L’une des mesures annoncée, le «PNR», fait polémique. De quoi s’agit-il exactement ? 20 Minutes fait le point...
Qu’est-ce que le PNR ?
Le «Passenger Name Record» (PNR, «fichier des passagers aériens» en français), sont les informations collectées par les compagnies aériennes lorsque les passagers réservent leur billet d’avion. Elles comportent des informations telles que le nom du voyageur, les dates et l'itinéraire du voyage, l’adresse et les numéros de téléphone, le moyen de paiement utilisé, le numéro de carte de crédit, l’agence de voyage, le numéro de siège, les préférences alimentaires, et des informations sur les bagages.
Les Etats-Unis ont déjà accès à ces informations pour les vols aériens concernant leur pays depuis les attentats du 11-Septembre. Ils peuvent même compiler des informations plus sensibles comme l’origine raciale des passagers et leur état de santé.
Ces données peuvent être utilisées par des services de renseignement et de police, qui vont les croiser avec des listes des personnes recherchées ou fichées comme dangereuses. L’objectif est de détecter les comportements suspects et d’anticiper d’éventuelles attaques.
Qu’en est-il en France ?
La loi anti-terroriste de novembre 2014 prévoit que les autorités françaises puissent avoir un accès facilité aux PNR. Le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé que ce système devrait être prêt au niveau national en septembre 2015.
Il appelle désormais à étendre ce système au niveau européen pour une meilleure efficacité. Or le Parlement européen bloque l’adoption de ce projet de registre européen des données des passagers depuis 2011 faute de consensus.
Le nouveau président du Parlement, Martin Schulz, se dit toutefois favorable à ce système. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui aussi plaidé pour la création d’un registre européen «unique» afin d’ «aider à détecter les déplacements de personnes dangereuses». «Si nous n'obtenons pas un PNR européen unique, a-t-il expliqué, nous pourrions nous retrouver avec 28 PNR nationaux. Des systèmes nationaux composeraient un patchwork avec des trous. Ils interfèreraient avec la vie privée des citoyens sans en assurer correctement la sécurité.»
Pourquoi ce système fait-il polémique ?
Les opposants au projet de PNR européen jugent ce fichage trop intrusif et redoutent une atteinte aux libertés de circulation. Pour Eva Joly, « les données des passagers systématiques sont le premier stade [d’une] surveillance de masse ». « Je veux que nous restions dans un Etat de droit où il faut une petite suspicion, avant de vous mettre sous surveillance », a-t-elle expliqué.
La chef de file de ces opposants, l'élue libérale néerlandaise Sophie Ind't Veldt, demande quant à elle « que l'on fournisse au Parlement la preuve de la nécessité de collecter les données de tous les passagers ». Les débats devraient se poursuivre lors du sommet européen qui se tiendra le 12 février à Bruxelles, consacré à la lutte anti-terroriste.