«Mon angoisse, c’est que ça dure», témoigne un voisin de l’ Hypercacher à Vincennes
SOCIETE•Un témoin voisin de l’Hypercacher où se déroule la prise d’otages témoigne pour «20 Minutes»…Annabelle Laurent
«Je ne vous cache pas que le silence est un peu pesant». Depuis sa fenêtre, au 2e étage, qui donne sur l’avenue Joffre et la rue des Vallées, Bertrand Cazenave, un guide touristique contacté par 20 Minutes, aperçoit l’arrière de Hypercacher où se déroule ce vendredi une prise d’otages.
«Plus une âme qui vive dans le quartier»
«La police en gilets pare-balles, casques et armement lourd est postée devant ce qui pourrait être la position de sortie vers l’arrière de l’hypermarché. Le quartier est entièrement bouclé, Il n’y a plus une âme qui vive dans le quartier».
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La police a sonné chez lui plus tôt pour lui demander de rester chez lui. Les dernières personnes du quartier continuent d’être évacuées. «La pharmacie en bas de chez moi a servi de base arrière pour tous les gens qui étaient restés bloqués dans des halls d’immeuble. La police évacue encore des gens, j’en vois passer trois en bas.»
«Ça risque de péter tous azimuts»»
La police lui a fait signe, comme aux autres voisins, de rester éloigné des fenêtres. «S’il y a quelque chose qui pète, ça risque de péter tous azimuts», dit-il. «Des amis m’ont dit de fermer mes volets et mettre des armoires devant mes fenêtres, mais je n’ai ni l’un ni l’autre». Il plaisante: «Ils m’ont dit, Allô, t’as pas de volets, t’as pas d’armoires?»
« [#Vincennes] Ne franchissez pas le périmètre de sécu pr prendre photos/vidéos, vs prenez des risques et perturbez le travail des #policiers — Police Nationale (@PNationale) January 9, 2015 »
Bloqué dans un camp militaire après le 11 septembre 2001
Il ne reste plus qu'à attendre. «On reste chez soi. L’angoisse majeure, c’est de se demander combien ça peut durer. La nuit entière, peut-être, ou des jours, même. Eux ont à bouffer et à boire». S'il semble être capable de plaisanter au téléphone, il confie être «particulièrement angoissé» à cause d’une précédente «expérience nauséabonde le 11 septembre 2001. J’étais dans un avion entre Paris et New York ce jour-là. J’ai passé cinq jours dans un camp militaire au Canada. Mes amis me disent que je suis un chat noir».
«Beaucoup de monde faisait ses courses pour le shabbat, c’est la plus grosse épicerie cacher du coin», dit-il encore dans le silence pesant de son immeuble. «C'est un little Tel Aviv, avec une énorme communauté juive. Et les communautés vivent en très bonne intelligence.»