SECURITEL'attaque de Joué-lès-Tours illustre les méthodes du terrorisme de proximité prôné par Daesh

L'attaque de Joué-lès-Tours illustre les méthodes du terrorisme de proximité prôné par Daesh

SECURITEDepuis fin septembre, l'Etat islamique adresse à ses sympathisants français des consignes claires...
William Molinié

William Molinié

«Faites exploser la France. Explosez leur tête que ce soit avec une pierre, où quoi que ce soit si vous n'arrivez pas à vous procurer un pistolet.» Ces mots sont ceux d’un djihadiste français, dont la barbe dépasse de la cagoule, dans une vidéo mise en ligne vendredi soir par une branche régionale de Daesh.

Ce n’est pas la première fois qu’un tel message de l’organisation de l’Etat islamique est relayé. A plusieurs reprises, des sympathisants ont vanté les mérites de ce mode opératoire: un acte isolé, de proximité avec les moyens du bord.

Terrorisme de proximité

«Fin septembre, des consignes globales ont été passées dans un message audio par le porte-parole de l’Etat islamique. Il disait “Si vous n’êtes pas capables de fabriquer des bombes ou de vous procurer des armes, frappez-les avec des pierres, des couteaux, écrasez-les avec vos voitures, brûlez les commerces”», explique, contacté par 20 Minutes, Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes. Depuis cet appel de fin septembre, quatre nouvelles vidéos d’appels de djihadistes francophones ont été publiées.

Dans l’affaire de l’attaque dans un commissariat de Joué-lès-Tours, considérée par les autorités françaises comme un «acte terroriste», l’individu a ciblé prioritairement des policiers. «L’Etat islamique ne fait pas la distinction entre civils et militaires. Au contraire, l’Etat islamique considère que puisque ce sont des démocraties, plus de 50% des gens les soutiennent. Si des musulmans étaient tués, ils seraient considérés comme des victimes collatérales», poursuit Romain Caillet.

Les policiers, cibles privilégiés

Cependant, l’absence de distinction fait débat au sein des sympathisants, certains ayant peur de tuer des musulmans. Du coup, policiers et militaires deviennent prioritaires. Ce fut le cas à deux reprises au Canada (Montréal le 20 octobre, Ottawa deux jours plus tard), mais aussi à New-York où le 23 octobre, quatre policiers ont été attaqués à la hache en pleine rue.

Au cours de l’échange entre Mohammed Merah et le policier toulousain des renseignements pendant le siège du Raid, le tueur au scooter a révélé qu’après avoir tué des militaires et des enfants de l’école juive, il s’en serait pris «au culot» à des commissariats. «Je pense, personnellement, que les policiers sont ciblés car ces individus ont bien souvent déjà eu affaire à eux. C’est une forme de vengeance», avance le spécialiste.

Depuis les faits, des «sympathisants» de l’organisation de l’Etat islamique ont érigé l’auteur des faits, Bertrand Nzohabonayo, comme étant «celui qui a répondu à l'appel d'Abu Muhammad al-Adnani, porte-parole de Daesh.

«  Après #JoueLesTours, des sympathisants de l'#EI réalisent une infographie à la gloire de Bertrand (Bilal) Nzohabonayo pic.twitter.com/Qs94cH9B9X — Romain Caillet (@RomainCaillet) December 22, 2014 »


Daesh et les fous

A Dijon, où treize personnes ont été blessées, fauchées par un déséquilibré dimanche soir, la situation est différente. L’homme, âgé de 40 ans, a fait de nombreux passages en hôpital psychiatrique et ne revendique pas religieusement son acte. Pourtant, le mode opératoire – écraser des passants avec une voiture – ressemble beaucoup à celui prôné par les terroristes de l’Etat islamique.

Cette méthode a d'ailleurs été reprise par certains Palestiniens qui appelaient en novembre à une «intifada automobile».

Le message de Daesh est-il «tombé dans l’oreille des fous», comme l’a suggéré Bernard Debré sur France Info? L’homme a pu être influencé par ces vidéos. «Ce n’est pas incompatible», conclut Romain Caillet.