VIDEO. Tout comprendre aux enjeux de la nouvelle carte de l’éducation prioritaire
EDUCATION•La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, dévoile ce mercredi la nouvelle carte de l’éducation prioritaire applicable à la rentrée 2015. Un dossier brûlant...Delphine Bancaud
C’est la première grande réforme que Najat Vallaud-Belkacem va piloter en tant que ministre de l’Education. Et elle est explosive. Mercredi, la ministre dévoilera la nouvelle carte de l’éducation prioritaire applicable à la rentrée 2015. 20 Minutes explique les enjeux de ce sujet si sensible.
Pourquoi était-il nécessaire de revoir cette carte?
La carte de l’éducation prioritaire avait besoin d’être réactualisée. «Elle n'a pas évolué depuis 30 ans, croyez-vous que la situation sociale des établissements, elle, n'a pas évolué depuis 30 ans?» a d’ailleurs souligné Najat Vallaud-Belkacem le 8 décembre sur BFMTV. Des écoles et collèges qui accueillent un public favorisé s’y trouvent encore, tandis que d’autres qui font face à des difficultés grandissantes n’y figurent pas. D’où la nécessité de concentrer les moyens autour des établissements concentrant les plus grandes difficultés sociales et scolaires.
Comment s’organisera-t-elle?
Adieu les ZEP, bonjour les réseaux d’éducation prioritaire (REP), qui gardent la même vocation. La nouvelle carte comprendra 1.081 REP (formés d’un collège et des écoles qui lui sont rattachées), dont 300 REP+ (établissements les plus en difficulté). Pour la définir, quatre critères ont été retenus: la part des élèves très défavorisés, le taux de boursiers, la part de ceux qui résident en ZUS et le taux de retard en 6e. Près de 200 établissements vont sortir de l’éducation prioritaire, pour laisser leur place à d’autres. Les nouveaux «élus» vont bénéficier d’indemnités revalorisées pour les enseignants, d’un accompagnement jusqu’à 16h30 pour les élèves de 6e, d’heures libérées pour permettre aux enseignants de travailler en équipe…
Que perdront les écoles qui ne seront pas labellisées REP?
Depuis plusieurs semaines, des parents et des enseignants ont occupé des établissements car ils craignent de sortir de l’éducation prioritaire. Ce qui pourrait entraîner, le cas échéant, d'éventuelles fermetures de classes, une remontée du nombre d’élèves par classe, la disparition de dispositifs de soutien aux élèves, la fin de certaines sorties culturelles et pédagogiques, la suppression du dispositif «plus de maîtres que de classes» dans certaines écoles primaires… Ce qui au final pourrait se ressentir dans les résultats des élèves et entraîner une ghettoïsation de certains établissements.
Comment Najat Vallaud-Belkacem peut-elle limiter la contestation?
Pour limiter les incidences d’une sortie de la carte de l’éducation prioritaire, la ministre a promis «une clause de sauvegarde pendant trois ans». Les personnels dont l’établissement sortira de l’éducation prioritaire continueront de bénéficier de leurs primes pendant trois ans. Par ailleurs, la ministre a annoncé qu’une allocation de moyens serait mise en place à la rentrée 2015 pour aider les établissements qui, même s’ils ne sont pas les plus en difficulté, ont besoin de soutien. Elle «permettra aux écoles, aux collèges et aux lycées de recevoir des moyens proportionnés, non seulement à leur démographie, mais aussi aux difficultés sociales et scolaires de leurs élèves», a affirmé Najat Vallaud-Belkacem sur BFMTV.
La mobilisation des écoles exclues du système va-t-elle perdurer?
Sans doute. Car le SNUipp et le Snes ont déjà déposé un préavis de grève pour mercredi. La CGT appelle aussi les enseignants à la grève le même jour.