PORTRAITCorbeil-Essonnes: Qui est Gérard Limat, le comptable de l'ombre de Serge Dassault?

Corbeil-Essonnes: Qui est Gérard Limat, le comptable de l'ombre de Serge Dassault?

PORTRAITZoom sur le comptable salarié par Serge Dassault, qui a affirmé aux enquêteurs avoir remis à l'industriel 53 millions d'euros en liquide...
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Gérard Limat, un nom qui n’évoque rien. Jusqu’à ce mardi, date à laquelle ce comptable suisse se révèle être un personnage clé du système présumé d'achats de voix d'électeurs à Corbeil-Essonnes, ville dont a été maire Serge Dassault. Gérard Limat a raconté avoir remis au magnat, de 1995 à 2012, 53 millions d’euros en liquide provenant de Suisse, selon des procès-verbaux auxquels a eu accès France Inter et Libération. Mis en examen en 2010, le comptable a été entendu début octobre par les juges financiers. Qui est Gérard Limat? 20 Minutes vous en révèle cinq aspects de cet homme de l’ombre…

  • Un intime de la famille Dassault

Gérard Limat, 74 ans, travaille depuis 46 ans pour les Dassault. L’homme est d’une «fidélité» absolue, explique Libération. Embauché en 1968 par le patriarche Marcel Dassault (aujourd’hui décédé), il est devenu au fil des années son «comptable» et «homme à tout faire». Selon le procès-verbal obtenu par le quotidien, le comptable salarié par l’industriel a expliqué aux enquêteurs que Serge Dassault est «un grand ami, un ami très proche. Je ne suis pas son employé, il n’est pas mon patron».

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  • Décisionnaire au sein de l’empire familial

L’homme fait partie du petit cercle décisionnaire chez les Dassault. Il est administrateur de la holding qui contrôle les affaires familiales. Gérard Limat est par ailleurs membre du «comité des sages», une petite équipe qui doit choisir le successeur de Serge Dassault à sa mort. Il a enfin des procurations sur plusieurs comptes Dassault en Suisse et au Luxembourg, rappelle Libération.

  • Un scénario de film de bandits

Gérard Limat a reconnu auprès des enquêteurs avoir récupéré, pendant des années à Paris, des sommes en cash provenant de la société financière genevoise Cofinor. «Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l'Arc de Triomphe», le livreur «me remet un sachet en plastique "passe-partout" (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l'argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n'était que des liasses de billets de 100 euros», a raconté le comptable aux enquêteurs. Avant d’ajouter: «Je ne voyais jamais l'argent puisque j'allais directement au rond-point» des Champs-Elysées, siège du groupe, «je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d'autre chose».

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  • L’homme empêcherait Serge Dassault «de faire des bêtises»

«Je fais tout ce que je peux pour empêcher [Serge Dassault] de faire des bêtises», a déclaré Gérard Limat en garde à vue. Avant d’ajouter, selon le quotidien, que «les enfants de Serge sont venus me voir pour que j’intervienne auprès de leur papa, car ce dernier commençait à "déconner"». Se posant comme le gardien de la légalité, Gérard Limat affirme tout ignorer des soupçons d’achats de voix à Corbeil par Serge Dassault. Et renouvelle cette défense à propos des dons reconnus par Serge Dassault, ou sur les 53 millions d’euros puisés dans des comptes à l’étranger et remis en liquide à Paris à l’avionneur.

  • L’homme qui aurait dit «stop»

Convaincu que «toutes ces histoires risquent de nous faire perdre des marchés (…). C’est pour toutes ces raisons que j’ai dit stop à tout ça», a expliqué Gérard Limat aux enquêteurs. Le comptable aurait arrêté d’effectuer des dons en 2010, explique Libération. Mais il n’aurait toutefois pas cessé de se faire remettre de l’argent en liquide. Gérard Limat a été mis en examen pour complicité de financement de campagnes électorales et d'achat de votes et blanchiment.