VIDEO. Nombre, profils, motivations, risques encourus... Tout savoir sur les djihadistes français
SOCIÉTÉ•«20 Minutes» fait le point sur ce phénomène...Maud Pierron
Il existe une «forte présomption» qu'un Français, Maxime Hauchard, se trouve parmi les bourreaux de l’Américain Peter Kassig et des 17 soldats syriens. C’est Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, qui l’a annoncé ce lundi matin. Une enquête pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste a été ouverte en août dernier contre ce Normand de 22 ans qui se fait appeler Abou Abdallah al Faransi. L’occasion pour 20 Minutes de faire le point sur les Français qui partent combattre en Syrie.
Combien de Français sont concernés ?
Selon des chiffres relayés en septembre dernier par Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, 930 Français sont impliqués dans les filières syriennes. Quelque 350 y sont actuellement, dont 60 femmes, 170 en transit, 180 sont rentrées et 230 ont des velléités de départ très affirmées. Quelque 37 Français, si l’on compte l’artificier David Daoud tué par un raid américain il y a quinze jours, sont morts en Syrie.
Quel est leur profil?
Très varié. Souvent mineurs, ils peuvent être en rupture avec la société comme très bien intégrés. Venir des quartiers ruraux comme urbains. «N'importe quel jeune peut aujourd'hui basculer vers le djihad», expliquait en septembre dernier Dounia Bouzar, anthropologue et directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam. Pour elle une très large majorité n’a «aucun lien avec l’immigration». Et une large part s’est convertie et radicalisée via les réseaux sociaux. C'est d'ailleurs l'un des faits notable: la part prépondérante de Facebook ou YouTube dans l'endoctrinement. Avec un nombre de filles assez significatif, aussi. Par exemple, elles représentent 44% des cas signalés via la plateforme mise en place en avril dernier par le ministère de l’Intérieur. «Les groupes armés ont recruté de véritables chargés de communication qui s’occupent de recruter en ligne les jeunes femmes intéressées», expliquait en août dernier l’islamologue Mathieu Guidère à 20 Minutes.
Quelles sont leurs motivations?
Il y a évidemment des motivations d’ordre religieuses pour, prétendument, suivre des préceptes de l’islam et combattre «les mécréants». Mais le plus souvent, l’endoctrinement se noue autour de principes humanitaires et de justice. Parmi les mineurs dont on a aujourd’hui le témoignage, beaucoup mettent en avant leur volonté d’«aider leurs frères et leurs sœurs en Syrie». L’humanitaire est un des ressorts de leur départ, affirme Dounia Bouzar. Elle note d’ailleurs qu’il y a eu une forte explosion du nombre de départ après l’été 2013, avec l’usage d’armes chimiques de Bachar al-Assad et l’annonce que la France et les Etats-Unis n’interviendront pas.
Que risquent-ils?
Une loi, promulguée en 2012, relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme, prévoit de poursuivre «des actes de terrorisme commis à l’étranger par des Français ou des personnes résidant habituellement en France». Elle permet aussi de «poursuivre les personnes ayant participé à des camps d’entraînement terroristes à l’étranger alors même qu’elles n’auront pas commis d’actes répréhensibles sur le territoire français». En clair, si la police réunit la preuve que des Français ont pris contact pour aller combattre ou ont combattu aux côtés de djihadistes en Syrie, elle peut les présenter à leur retour à un juge antiterroriste qui pourra à son tour les poursuivre. En réalité, il est très compliqué de réunir ces preuves d'autant que la France soutient certains des groupes islamistes combattant en Syrie. Ceux qui reviennent de Syrie, jugés les plus dangereux, sont surveillés par les services antiterroristes, qui n'hésitent parfois pas à convoquer ces suspects pour leur faire savoir qu'ils sont surveillés.
Jusqu’à présent, seul le délit d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste permettait de poursuivre les individus. Désormais, ils pourront être poursuivis individuellement sur la base de cette nouvelle incrimination: l’entreprise terroriste individuelle. Mais le texte prévoit de la limiter «à la préparation des actes terroristes les plus graves et les plus violents». Il s'agit surtout de mettre le paquet sur la prévention, que ce soit sur Internet, pour bannir tous les contenus qui font l'apologie du terrorisme ou de rendre impossible la sortie du territoire d'un individu que l'on suspecte de vouloir se rendre en Syrie ou de se rendre chez l'individu suspecté pour le dissuader de partir.
La semaine dernière, un jeune Français a été condamné à 7 ans de prison, le maximum de la peine requise, pour avoir combattu en Syrie. C'était la première fois qu'une condamnation aussi sévère était prononcée.