Pourquoi la situation est-elle aussi explosive à Calais?

La tension est à son comble à Calais. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi soir le renfort de 100 policiers et gendarmes dans la ville alors que, pour la troisième journée consécutive, des rixes ont eu lieu entre migrants désireux de passer en Angleterre. 20 Minutes fait le point sur la situation.

Combien de migrants vivent actuellement à Calais?

«Entre 2.200 et 2.300 migrants sont présents à Calais», a expliqué ce jeudi sur France Inter le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin. Un chiffre qui a fortement augmenté avec une hausse des arrivées de clandestins en Méditerranée depuis le printemps. La plupart sont des hommes, mais de plus en plus de femmes arrivent depuis un an, parfois avec des enfants, ainsi que des mineurs isolés.

Pourquoi viennent-ils dans cette ville?

Calais n’est pas la destination des migrants, mais un point de passage. Ils sont Erythréens, Soudanais, Somalien, Irakiens, Afghans, Iraniens et cherchent à gagner l'Angleterre et ne veulent pas demander l'asile en France. Mais «Calais est une impasse» pour les migrants, a souligné Denis Robin sur France Inter car «tout est fait pour empêcher leur passage».

Quelles sont leurs conditions de vie?

Ils vivent dans des squats et des camps de fortune. «Les conditions d’accueil sont déplorables (…) Certains vivent dans des fossés. Cette précarité crée évidemment des situations de tensions. On est dans la survie au quotidien», a souligné sur France Inter ce jeudi Cécile Bossy, responsable de l’antenne Médecins du Monde à Calais. Les associations humanitaires sur place aident les réfugiés à subsister au quotidien en leur offrant de la nourriture et des tentes, mais sont débordées.

Pourquoi la situation est-elle devenue explosive?

Pour le troisième jour consécutif, des rixes ont éclaté ce mercredi entre migrants d'origines érythréenne et éthiopienne dans Calais même. Pour les associations calaisiennes de soutien aux migrants, ces violences répétées sont la conséquence d'une «guerre de territoires» que se livrent les groupes d'exilés, «devenus trop nombreux».

Par ailleurs, les migrants tentant de prendre d'assaut les camions pour joindre l’Angleterre; des accidents ont souvent lieu, ainsi que des bagarres entre chauffeurs et exilés. Cette situation entraîne aussi de gros problèmes de circulation, la police bloquant parfois certaines voies pour déloger les migrants.

Enfin, «les Calaisiens ressentent un climat d’insécurité», a rappelé sur France Inter ce jeudi le maire adjoint de la ville, Philippe Mignonet. Selon Gilles Debove, responsable du syndicat Unité SGP Police-FO, «il y a beaucoup de vols de portables, des vols dans les magasins…»

Que comptent faire les autorités?

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi soir le renfort de 100 policiers et gendarmes à Calais, dont 70 en permanence 24h/24 pour sécuriser le port, et 30 autres pour sécuriser le centre-ville. Il y aura donc désormais 450 policiers et gendarmes dans la ville. Hormis ces réponses sécuritaires, il est question de créer un centre d’accueil de jour à Calais. En revanche, Bernard Cazeneuve est opposé à l'ouverture d'un centre d’hébergement (comme celui de Sangatte fermé en 2002) pour migrants à Calais, pour éviter d'attirer davantage d'exilés.