SOCIALEgalité femmes-hommes: Moins de subventions publiques en cas de stéréotypes sexistes?

Egalité femmes-hommes: Moins de subventions publiques en cas de stéréotypes sexistes?

SOCIALLe Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) préconise de conditionner l’octroi des financements publics au respect de l’égalité femmes  hommes dans un rapport rendu public ce lundi…
Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes préconise de contrôler la présence de stéréotypes sexistes dans les livres scolaires.
Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes préconise de contrôler la présence de stéréotypes sexistes dans les livres scolaires. - Eric Cabanis afp.com
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Lutter contre les stéréotypes sexistes, c’est la mission du HCEfh, qui remet ce lundi un rapport à la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine et à la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes Pascale Boistard. Avec pour mesure phare la proposition de conditionner les financements publics à des engagements en matière d’égalité.

Pas d’égalité, pas d’argent

Le rapport met en avant les concepts d’«éga-conditionnalité» et de «budgétisation sensible à l’égalité femmes – hommes». En résumé : pas d’égalité, pas de subvention. Il s’agit de subordonner les financements publics octroyés aux bénéficiaires (entreprises, associations, clubs sportifs…) au respect de l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les stéréotypes de sexe. Egalité salariale, image des femmes à la télé ou encore égalité des subventions accordées par les associations sportives municipales aux habitant(e)s, les domaines recoupés sont très larges. «S’il apparaît que les moyens mobilisés pour la mise en œuvre d’une politique sont inégalement répartis et/ou renforcent les stéréotypes de sexe ou les inégalités entre les sexes, des actions correctrices devront être engagées», précise le texte. Dans un premier temps, les médias, l’éducation et la communication institutionnelle seraient les trois terrains d’action prioritaires de cette éga-conditionnalité soumise à une obligation de résultat.

Moduler la contribution à l’audiovisuel public

Concernant les chaînes de télévision du service public, qui perçoivent une contribution annuelle de l’Etat de trois milliards d’euros, le rapport préconise de mesurer la présence des stéréotypes et d’en faire «un outil de la modulation de la contribution à l’audiovisuel public». Dans le collimateur du Haut conseil : les fictions télévisées. Plusieurs grilles d’analyses ont d’ailleurs été élaborées pour détecter les stéréotypes de ces programmes. Autant d’indicateurs qui devraient être aussi utilisés pour les émissions d’information, de divertissement et de téléréalité.

L’État et les collectivités territoriales devraient également apporter leur pierre à l’édifice de l’égalité en s’engageant à ce que leur communication institutionnelle, dotée d’un budget de 880 millions d’euros, soit dépourvue de stéréotypes de sexe, et à «faire du respect de cette démarche une condition d’accès aux marchés publics de communication», propose le rapport.

Réviser les manuels scolaires

Le rapport consacre également un volet à l’Education nationale. Dans le viseur du Haut conseil : les stéréotypes présents dans les manuels scolaires, où hommes et femmes sont représentés de manière très sexuée et stéréotypée. Les femmes ne représentent que 10% des personnages présentés dans les manuels et sont principalement cantonnées à des rôles très traditionnels. Pour y remédier, le rapport, qui rappelle que le marché des manuels scolaires pèse 281 millions d’euros, préconise la création d’un «Observatoire des stéréotypes de sexe dans les manuels». Le HCEfh a élaboré une grille d’indicateurs qui «veille à la présence de femmes, quantitativement, comme qualitativement, ainsi qu’à la valorisation des femmes dans l’histoire des savoirs».