La modulation des allocations familiales sous le feu des critiques
REACTIONS•Les politiques de tous bords ainsi que les associations concernées ont réagi massivement aux annonces de Marisol Touraine...B. de V. avec AFP
«Engrenage dangereux», «trahison», «scandale»: La modulation des allocations familiales selon le revenu, arrachée par les députés PS au gouvernement, continuait de susciter vendredi de vives critiques, avec des grincements de dents jusque dans la majorité.
La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a confirmé jeudi soir que l'exécutif avait donné son accord pour cette modulation, qui prendra effet à partir du 1er juillet. Elle sera proposée dans un amendement au projet de budget 2015 de la Sécurité sociale et concernera «12% des familles» qui perçoivent des allocations. Alors qu'elle avait fait savoir ces derniers jours que cette proposition n'était «pas celle du gouvernement», Marisol Touraine a dit ce vendredi soutenir «sans réserve» cette «réforme majeure». Elle a assuré qu'elle «maintient l'universalité des prestations» même si les familles «les plus aisées en recevront moins». La veille, le Premier ministre Manuel Valls avait également salué une «mesure de justice». Mais cette décision a suscité une avalanche de réactions franchement hostiles, beaucoup dénonçant une ouverture de «la boîte de Pandore».
L'Union des familles en Europe
«Ne nous faisons pas d'illusions: une fois le principe des conditions de ressources adopté, il est très facile pour les gouvernements de baisser progressivement ce plafond», a notamment estimé , craignant qu'«un jour, le plafond tombe sur la tête de la majorité des français».
L'association Familles rurales
Elle a aussi fustigé le fait que le gouvernement mette «fin à l’un des principes fondateurs de la Sécurité sociale», tandis que l'Union nationale des associations familiales (Unaf) avait jugé dès jeudi «impensable» et «impossible» cette modulation.
La Manif pour tous
Le mouvement qui entend défendre la famille après avoir combattu le mariage homosexuel, le gouvernement «enterre» purement et simplement la politique familiale.
Le député UMP Jean-Frédéric Poisson
Il y a vu une «trahison» du «pacte national sur la politique familiale».
Le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent
L'exécutif «met le doigt dans un engrenage très dangereux».
La présidente du front national Marine Le Pen
Elle a aussi fait part de son opposition, préférant «qu'on arrête de verser des allocations familiales aux étrangers plutôt que de les baisser aux Français».
Deux députés frondeurs et de la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo
Ils se disent en accord sur «le principe», mais a déploré que les classes moyennes soient touchées. Les radicaux de gauche, qui doivent décider dans la soirée s'ils restent dans la majorité, et les écologistes ont fait savoir de leur côté qu'ils étaient partagés.
Les syndicats
FO y voyant le signe que le gouvernement fait le choix de «l'austérité contre l'universalité» et la CFTC faisant savoir qu'elle ne pouvait «accepter» cette remise en cause du «principe fondateur d'universalité». Dès jeudi, le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, avait aussi critiqué une modulation «contraire à l'esprit même de la Sécurité sociale».