VIDEO. La bataille sur les rythmes scolaires va-t-elle désorganiser la rentrée?
EDUCATION•Maires récalcitrants et parents mécontents… La grogne sur les nouveaux rythmes scolaires perdurera, mais sera localisée…Delphine Bancaud
C’est une bombe qui pourrait vite dégoupiller. La généralisation des nouveaux rythmes scolaires à la rentrée suscite déjà des craintes chez les parents et les enseignants. Dès cette semaine, elle sera appliquée dans 20.000 communes qui ne l’avaient pas encore adoptée. Mais son démarrage dans ces villes pourrait être poussif voire… même explosif. 20 Minutes fait le point sur ce dossier.
Quelles menaces planent sur la rentrée?
Les détracteurs de la réforme ont encore montré les crocs ces derniers jours. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La République et député-maire de Yerres (Essonne), a appelé à nouveau lundi à cadenasser les écoles mercredi pour protester contre la réforme des rythmes scolaires. Il a menacé de fédérer autour de lui une «centaine de communes».
Nicolas Dupont-Aignan : "Je ne suis pas un... par franceinter
Les maires récalcitrants évoquent des problèmes pour recruter des animateurs et financer l’application de la réforme. Mais Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire a minoré la menace, en précisant ce lundi qu’une vingtaine de communes auraient l’intention de boycotter la réforme. Par ailleurs, d’autres maires pourraient organiser une rébellion plus passive, en respectant bien les quatre journées et demie de classe, mais en ne mettant pas en place d’activités périscolaires.
Que va-t-il se passer en cas de blocage des écoles le mercredi?
«L’école n’est pas une option», a martelé ce lundi la ministre de l’Education, Najat-Vallaud Belkacem et «l’obligation scolaire ne souffrira d’aucune exception». Les maires refusant d’ouvrir leurs écoles le mercredi matin seront dans l’illégalité. Du coup «si ce n’est pas les maires qui ouvriront les portes des écoles, ce seront les préfets», a indiqué la ministre.
Que se passera-t-il dans les communes qui ne proposeront pas d’activités périscolaires?
«C’est l’Education nationale qui fixe les horaires de l’école. Les maires peuvent en revanche refuser de mettre en place un accueil périscolaire. Charge à eux de répondre à leurs administrés», précise le ministère à 20 minutes. D’autant qu’ils toucheront quand même 50 euros d’aide par an et par enfant… Les associations de parents d’élèves risquent donc de faire entendre leur voix haut et fort pour forcer les maires à agir. Ils pourraient même engager un recours contre les maires récalcitrants pour préjudice à la scolarité de leur enfant.
En quoi cette réforme peut-elle poser problème aux parents d’élèves?
Dans certaines communes, la cantine ne sera pas proposée aux enfants le mercredi, faute de moyens. Avec une sortie de classe prévue autour de 11h30, des familles vont être confrontées à «une grosse galère» ce jour-là, selon Valérie Marty, présidente de la Peep, deuxième fédération de parents d’élèves. Car ils espéraient qua la jonction entre l’école et le centre aéré soit faite. «C’est extrêmement compliqué de récupérer son enfant à cette heure-là pour ceux qui travaillent», ajoute-t-elle. Ce qui risque de générer des frais de garde supplémentaires pour eux. Par ailleurs, dans certaines communes les activités périscolaires seront payantes (comme à Nice), ce qui n’arrange pas nombre de familles, qui ont déjà des difficultés à boucler leur budget de rentrée. D’où une menace de grogne, mais là encore localisée.
La rébellion pourrait-elle faire boule de neige?
«Nous avons des inquiétudes assez importantes, notamment sur les premières semaines de la rentrée», a indiqué Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. Même son de cloche chez Christian Chevalier du syndicat SE-Unsa, qui anticipe «des difficultés ici ou là», mais qui estime que cela restera «la marge». Les poussées de fièvre risquent donc d’être très locales, mais ne prendront pas au niveau national, selon les syndicalistes.
La ministre peut-elle débloquer certaines situations?
«Je veux bien recevoir les maires récalcitrants pour faciliter la mise en œuvre de la réforme», a annoncé lundi Najat-Vallaud Belkacem. Reste à savoir si le dialogue suffira à éteindre l’incendie…