Afflux de migrants, majoritairement érythréens, à la frontière italienne
La PAF s'inquiète de l'arrivée massive en France début 2014 ...© 2014 AFP
La PAF s'inquiète de l'arrivée massive en France début 2014 de migrants clandestins, majoritairement érythréens, via l'Italie, rapporte Le Figaro mardi, mais leur présence reste discrète à Nice, où ils ne font le plus souvent que transiter, selon des associations.
Une réunion «exceptionnelle» sur le sujet se serait tenue en préfecture de Nice le 9 juillet, et aurait donné lieu à un rapport de la direction zonale sud de la Police aux frontières (PAF), selon le quotidien.
Selon ce rapport cité par le Figaro, «la pression migratoire sur la frontière avec l'Italie s'est accentuée à partir du début du mois d'avril 2014. 694 Erythréens étaient interpellés, contre seulement 68 interpellations entre janvier et mars 2014. Les interpellations progressaient de +165% au mois de mai (1.845) et encore de 43% au mois de juin (2.628). Au total, pour le premier semestre 2014, la PAF procédait à 5.235 interpellations».
Cet afflux relevé par la PAF serait la conséquence d'une forte augmentation de l'immigration clandestine en Italie par voie maritime, où «entre le 1er janvier et le 30 juin 2014, 61.591 migrants irréguliers ont débarqué» contre 7.913 pour la même période en 2013 et 4.301 pour les six premiers mois de 2012. «Les Erythréens représentent 31% de ces migrants (18.282)».
Le rapport soulignerait aussi les difficultés de l'administration à gérer cet afflux, en raison de «l'absence de document d'identité ou d'éléments objectifs justifiant la provenance d'Italie», rendant la sollicitation auprès de ce pays d'une réadmission effective impossible.
Sollicité par l'AFP, le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'il s'agissait d'un «phénomène connu», pointant cependant «la baisse des demandes d'asile en France au 1er semestre», qui indique que la France est «un pays de transit».
De son côté, le député-maire de Nice Christian Estrosi a regretté «d’apprendre par la presse qu’une réunion s’est tenue en secret à Nice» et demande de «réduire l’immigration avec des quotas stricts fixés par le Parlement et de mettre fin à l’Aide médicale d’Etat» (AME).
Pour le porte-parole de France Terre d'Asile Pierre Henry, ce phénomène est la conséquence «du refus de l'Union européenne de venir en aide à l'Italie, qui l'a demandée». «Et comme il n'y a pas eu de réponse», Rome en «laisse passer un certain nombre», a-t-il expliqué à l'AFP.
Or, selon la convention de Dublin de 1990, les demandes d'asile doivent être examinées uniquement dans le pays d'entrée dans l'UE: «Il y a une impuissance de l'UE à répondre à la fois en termes de prévention, de protection des personnes vulnérables et de solidarité entre les Etats membres».
- L'Europe, 'seule possibilité' -
«Il s'agit très certainement de gens qui ont fui par la Libye grâce à une organisation mafieuse, qui échouent en Sicile et remontent la péninsule pour se disperser en Europe», estime Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, service œcuménique d’entraide créé en 1939 et spécialisé dans l’accompagnement des étrangers en difficulté.
Le phénomène de migration au départ de l'Erythrée existe «depuis longtemps». La différence, c'est que «les gens qui fuyaient avaient auparavant la possibilité d'aller en Libye ou en Egypte. Maintenant, les portes sont fermées. Donc la seule possibilité, c'est de monter dans un bateau pour l'Europe», poursuit-elle.
Le passage des Erythréens par la frontière sud-est de la France reste assez diffus, car très peu restent sur place, estiment pour leur part la plupart des associations locales.
Martine Landry, responsable du relais réfugiés d'Amnesty Nice, qui observe depuis 2011 les flux à la frontière franco-italienne, estime que la plupart des Erythréens souhaitent aller en Allemagne, en Norvège et en Suède. «Il n'y a pas un afflux énorme d'Erythréens à la frontière de Menton. Ca n'a rien à voir avec les vagues du printemps arabe en 2011».
Selon des chiffres obtenus par Amnesty de source italienne, quelque 900 personnes ont par exemple transité par la frontière Vintimille/Menton en mai, la plupart originaire de la Corne de l'Afrique, mais aucun ne venait d'Erythrée.