1914-1918: la France sonne le tocsin pour commémorer la «mobilisation générale»

1914-1918: la France sonne le tocsin pour commémorer la «mobilisation générale»

Petites cloches ou "grand bourdon", le tocsin a retenti un peu partout en France vendredi, pour le centième anniversaire de la mobilisation de 1914, qui précéda de deux jours l'entrée de la France dans la Première Guerre mondiale.
© 2014 AFP

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Petites cloches ou «grand bourdon», le tocsin a retenti un peu partout en France vendredi, pour le centième anniversaire de la mobilisation de 1914, qui précéda de deux jours l'entrée de la France dans la Première Guerre mondiale.


Un moment de recueillement et de mémoire partagé dans la plupart des régions, qui marquait le début d'un week-end de commémorations.

«Ordre de mobilisation générale»: l'affiche du 1er août 1914, reproduite vendredi dans la presse régionale, appelait les 3,8 millions de réservistes à rejoindre les 800.000 soldats déjà en service actif.

Pour marquer l'événement, le gouvernement avait invité les maires des 36.000 communes de France à faire sonner le tocsin à 16H00, comme l'ont fait leurs prédécesseurs cent ans plus tôt à la même heure. Les maires avaient toute latitude pour décider des modalités d'application.

A Lyon, c'est à midi que le beffroi à l'Hôtel de Ville et plusieurs églises ont fait entendre pendant dix minutes le battement lancinant du tocsin. Et la plupart des 3.000 communes de Rhône-Alpes, d'où est partie l'initiative, ont suivi l'appel.

A Paris, les cloches de Notre-Dame ont sonné pendant quinze minutes. «Ils ont fait sonner Marie, le petit bourdon renouvelé l'an passé», notait en connaisseuse Anne-Marie, 76 ans, venue de Neuilly-sur-Seine pour l'occasion. A Lille également, la cathédrale a fait retentir le bourdon.

En Alsace et Moselle, le tocsin n'avait pas sonné le 1er août 1914 car ces régions faisaient alors partie de l'empire allemand. Il a cette fois été sonné pendant sept minutes par le «grand bourdon» et six autres cloches de la cathédrale de Strasbourg pour «une sonnerie majestueuse avec un côté très austère».

Dans la petite commune de Saujon, en Charente-Maritime, la vieille cloche de 1632, «qui a probablement sonné le 1er août 1914», a repris du service pendant cinq minutes. Par contre, le tocsin ne devait pas retentir à Bordeaux, où l'on expliquait à la mairie n'avoir «pas été saisi de demandes en ce sens». A Mende, en Lozère, la cathédrale étant en travaux, ce sont les pompiers, seuls autorisés à grimper dans le clocher, qui ont été mobilisés pour sonner le tocsin.

- 'Sortir les hommes des champs' -

Rares ont été les réfractaires, comme le maire socialiste du Mans, Jean-Claude Boulard, qui a refusé de sonner les cloches dans sa ville, invoquant «l'effroyable massacre» de la guerre.

«Ce n'est pas la déclaration de guerre qui a marqué les esprits, ce qui a provoqué la stupeur, c'est l'annonce de la mobilisation», fait valoir Joseph Zimet, directeur général de la Mission du Centenaire chargée des commémorations, pour justifier l'appel à sonner les cloches.

Plusieurs élus ont en revanche regretté d'avoir été prévenus trop tard. Et le dernier fondeur de cloches d'Alsace, André Voegelé, a été assailli d'appels de responsables de toute la France désireux de savoir comment reprogrammer les cloches ou sonner le tocsin.

«Moi, sur mon boîtier électrique, j'ai la sonnerie du glas, la grosse cloche, la petite, la volée... Mais j'ai pas de bouton tocsin», s'amusait Jean-Pierre David, maire du village de Flirey (Meurthe-et-Moselle), tout en approuvant cette action symbolique dans tout le pays.

Le tocsin du clocher des églises servait traditionnellement à donner l'alerte, «à sortir les hommes des champs», pour avertir la population en cas de danger. Mais la sonnerie du 1er août 1914 et la guerre annoncée plongèrent la France dans la consternation.

Le tocsin de vendredi ouvrait trois jours de commémoration en France. Plusieurs communes ont en effet choisi de commémorer l'événement samedi, 2 août, date anniversaire de la mobilisation effective.

Cérémonie bilatérale enfin dimanche, cent ans jour pour jour après la déclaration de guerre de Berlin à Paris: les présidents François Hollande et Joachim Gauck poseront la première pierre d'un historial franco-allemand au Hartmannswillerkopf, ou Vieil Armand (Haut-Rhin).

A Reims, les cloches des églises doivent sonner dimanche à midi, à l'issue des cérémonies commémorant l'entrée en guerre.

L'«ordre de mobilisation» donné, les réservistes de 1914, âgés de 20 à 38 ans, devaient rejoindre leurs unités le lendemain. 1,5% d'entre eux seulement ne le firent pas, pour des raisons diverses.

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