Abandon des ABCD de l'égalité: «Le gouvernement aurait dû faire davantage de pédagogie»
INTERVIEW•Olga Trostiansky, présidente du Laboratoire de l’égalité, réagit à l’abandon des ABCD de l’égalité par le gouvernement...Propos recueillis par Delphine Bancaud
Le gouvernement a annoncé ce dimanche la fin des ABCD de l’égalité, une expérimentation pour sensibiliser les élèves l’égalité filles-garçons. La ministre des Droits des femmes, Najat-Vallaud Belkacem a cependant promis qu’elle serait remplacée par un programme «très ambitieux» mis en œuvre dans toutes les écoles. Une annonce qui n’a pas rassuré Olga Trostiansky, présidente de l’association Le laboratoire de l’égalité, qui a livré sa réaction à 20 minutes...
Comment réagissez-vous à la fin programmée des ABCD de l’égalité?
C’est un recul important du gouvernement sur le fond et sur la forme, qui nous contrarie fortement. Car la lutte contre les stéréotypes sexistes doit commencer dès le plus jeune âge pour faire avancer les mentalités. Et l’idée de demander aux enseignants de la traduire en classe, en fonction de leur programme, était excellente. Le gouvernement aurait du évaluer cette expérimentation avec les associations qui travaillent sur l’égalité, afin d’améliorer le dispositif. Et non pas décider dans son coin de l’abandonner. C’est d’autant plus dommage que lors de sa campagne de 2012, François Hollande, a signé le pacte du Laboratoire de l’égalité qui demandait de «mettre au point et diffuser une pédagogie et des outils d’éducation à l’égalité femmes-hommes dès le plus jeune âge» et d’«organiser une formation spécifique des enseignant-es et des équipes éducatives sur les représentations stéréotypées des rôles des femmes et des hommes». Il avait tenu ses engagements en proposant les ABCD de l’égalité...
Quels retours avez-vous eu du terrain?
Le dispositif est plébiscité par une large majorité d’enseignants et d’élèves. En revanche, certains parents sont inquiets car ils ne comprennent pas ses tenants et aboutissants. Le gouvernement n’a sans doute pas assez communiqué au moment du lancement des ABCD de l’égalité. Il aurait du faire davantage de pédagogie. Le gouvernement a finalement préféré baisser les bras devant une poignée de détracteurs, qui se sont évertués à faire croire que le programme visait à promouvoir l’idée d’une indifférenciation des sexes. Ce qui est évidemment complètement faux.
Etes-vous rassurée par l’annonce par Najat Vallaud-Belkacem d’un nouveau dispositif «ambitieux» sur le sujet?
Non, car je crains qu’il ne soit pas efficient dès la rentrée. Or, il faut aller vite sur le sujet. Il faut non seulement former à l’égalité hommes-femmes les enseignants qui entrent dans le métier, mais aussi ceux qui exercent déjà. Afin qu’ils puissent ensuite sensibiliser le plus d’élèves possible à cette thématique.