TERRORISMEDjihad en Syrie: Mourad Fares, un «recruteur» français au service d’Al-Qaïda

Djihad en Syrie: Mourad Fares, un «recruteur» français au service d’Al-Qaïda

TERRORISMEOriginaire de Haute-Savoie, il est soupçonné de jouer un rôle important dans l’organisation de filières djiahdistes vers la Syrie…
William Molinié

William Molinié

Les services de renseignement le surnomment «l’émir français». Mourad Fares, 29 ans, qui se fait appeler Mourad Al-Faransi («Mourad le Français») est considéré comme l’un des recruteurs les plus actifs de l’Hexagone. L’antiterrorisme français craint surtout sa capacité à entraîner des jeunes qui, de retour en France, pourraient commettre des attentats.

«Certains jeunes individus, des djihadistes européens parmi lesquels figurent des Français, sont pris en charge par des cadres d’Al-Qaïda qui les entraînent dans le but de mener des attentats en Europe», a déclaré ce mercredi Loïc Garnier, le chef de l’unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), dans une interview accordée au Figaro et à RTL.

Plusieurs enquêtes en cours

Appartenant au groupe djihadiste du Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, il est en Syrie depuis la fin de l’été 2013. Mourad Fares, originaire de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), apparaît dans plusieurs procédures de «filières syriennes» en cours, ouvertes au parquet antiterroriste de Paris.

Il est notamment soupçonné d’avoir joué un rôle important dans le recrutement des jeunes Strasbourgeois récemment interpellés, et est aussi mis en cause dans l’affaire des deux mineurs toulousains brièvement partis en Syrie.

Famille sans histoire

Rien ne prédestinait Mourad Fares au djihad. Issue d’une famille marocaine bien intégrée, il est le dernier d’une fratrie de six enfants et a obtenu son baccalauréat scientifique avec mention. En février dernier, son père avait expliqué au Nouvel Observateur que son fils était parti sans prévenir. Il avait juste pris un petit sac, lançant à sa mère qu’il allait revenir.

Peu de temps après, il s’affichait sur Facebook à côté d’un combattant cagoulé, dans les rangs de filiales djihadistes d’Al-Qaïda. «On a vu qu’il commençait à changer. Il n’avait pas du tout la même lecture que nous du Coran», a expliqué il y a quelques semaines un membre de la famille au Dauphiné.

«Quelqu’un d’intelligent»

Un ancien «ami» de Mourad Fares, contacté par 20 Minutes, explique qu’il «parlait de religion et qu’il avait reçu une bonne culture religieuse.» «Il n’y avait rien d’extrémiste dans son attitude. C’était quelqu’un d’intelligent qui maîtrisait bien l’arabe littéraire. Je l’ai d’ailleurs eu au téléphone lorsqu’il était en Syrie. J’ai retrouvé le Mourad que je connaissais. A ceci près qu’il continuait à me parler des prophéties», explique notre source.

Mourad Fares se considère d’avantage comme un recruteur, plutôt qu’un combattant. Il préfère d’ailleurs le terme de «facilitateur» ou «prêcheur», explique cet ancien camarade. «Je pense qu’il cherche surtout à exister et à se faire un nom. Il m’a dit qu’il ne rentrerait pas en France», poursuit-il. Avant d’ajouter qu’il n’a plus aucune nouvelle depuis la tuerie du Musée juif de Bruxelles, le 24 mai dernier.