80e anniversaire du Débarquement : 5 histoires peu connues du « D-Day »
HISTOIRE•Le 6 juin 1944, ce sont bien sûr des dizaines de milliers de soldats alliés qui déferlent sur les plages normandes. Mais pas que…Enora Ollivier
A l’occasion des commémorations des 80 ans du Débarquement ce jeudi, nous vous proposons de (re) lire cet article sur le sujet.
Du Débarquement, dont on fête ce jeudi le 80e anniversaire, on retient les dizaines de milliers de soldats déferlant sur cinq plages, un matin de juin 1944. Mais connaissez-vous ces cinq histoires qui participent à la grande Histoire ?
Le chef allemand de la défense des côtes de la Manche n’est pas en Normandie le 6 juin 1944
Les Allemands le savent depuis plusieurs mois : les Alliés préparent un débarquement sur les côtes. La question est de savoir où, mais aussi quand. Au début du mois de juin, les conditions météorologiques sont défavorables et obligent les forces alliées à repousser leur projet. Mais les prévisionnistes repèrent une petite accalmie à partir du 5 juin après-midi et décident de lancer l’assaut. Un coup que les Allemands n’anticipent pas, persuadés de surcroît qu’il faut six jours de beau temps d’affilée aux alliés pour que l’opération puisse démarrer.
Erwin Rommel, chargé de la défense de la côte de la Manche, en profite pour partir le 5 juin en permission en Allemagne pour fêter l’anniversaire de son épouse. Mauvais timing.
Des mannequins largués sur les côtes le jour J
Les Alliés poursuivent le plan d’intoxication qu’ils ont commencé des mois auparavant. Dans la nuit du 5 au 6 juin, ils larguent 500 mannequins en toile dotés de parachutes (et surnommés Rupert) dans des zones éloignées des endroits où de vrais parachutistes doivent atterrir : c’est l’opération Titanic.
La duperie fonctionne, et les Allemands vont envoyer des troupes à la rencontre de ces êtres arrivés du ciel. Pour faire croire à un débarquement dans le Pas-de-Calais, le commandement allié va également tromper les radars allemands et leur faire croire que des bâtiments de guerre arrivent sur les côtes nordistes.
Omaha, Sword… Pourquoi ces noms de plages ?
Les commandements américains et britanniques ont eu le choix des noms des plages sur lesquelles leurs soldats devaient débarquer. Les Américains choisissent de donner à « leurs » plages le nom d’un Etat (Utah) et d’une ville du Nebraska (Omaha), lieux d’origine de deux sous-officiers.
Le général britannique Montgomery propose quant à lui des noms de poissons : Goldfish (poisson rouge), Swordfish (espadon), qui deviendront Gold (or) et Sword (épée). En revanche, sa proposition d’appeler la dernière plage Jellyfish (méduse) est rejetée : abrégé en « jelly », le mot signifie confiture, ce qui apparaît peu approprié pour les circonstances… C’est le lieutenant-colonel canadien Dawnay qui trouve le nom final, Juno, qui n’est autre que le prénom de son épouse.
Saucisses et asperges
Derrière ces noms qui font saliver, se cachent des outils de guerre utilisés lors du Débarquement. Les saucisses sont des ballons captifs, c’est-à-dire reliés au sol par un fil d’acier, destinés à prévenir les attaques aériennes à basse altitude. Si un avion touche le ballon, celui-ci libère une mine. Un système très dissuasif mais qui a l’inconvénient d’être aussi très visible par l’ennemi.
Les asperges de Rommel sont quant à elles des pieux de bois hérissés de mines et reliés les uns aux autres par du fil de fer. Ces dispositifs font partie de l’arsenal défensif allemand qu’est le « Mur de l’Atlantique » et doivent dissuader tout atterrissage ou parachutage allié.
Des libérateurs criminels
L’arrivée des soldats alliés en Normandie est certes synonyme de libération. Mais les G.I. se sont aussi livrés à toute sorte d’exactions, a révélé l’historienne Mary Louise Roberts dans son livre What soldiers do, Sex and the american GI in World war II France, paru en 2013. « Quand ils débarquent en France, les GI ont l’impression d’être des chevaliers qui viennent à la rescousse de la damoiselle en péril. Ils ont été préparés à l’idée qu’ils seraient gratifiés de certaines récompenses, que les Français avaient une dette à leur égard et que les Françaises s’en acquitteraient », racontait l’auteur dans une interview au Monde en juillet 2013.
Elle décrit un « tsunami de libido masculine », qui se traduit « par des phénomènes de prostitution à grande échelle » et « une vague de viols en Normandie, en août et septembre 1944 ». A la Libération, 49 soldats américains sont condamnés pour viol, et 21 sont pendus.
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