Air Cocaïne: Audience cruciale ce vendredi pour les pilotes français arrêtés en République dominicaine
JUSTICE – Ils sont en détention provisoire depuis 13 mois mais n'ont jamais encore été entendus…William Molinié
Depuis leur arrestation sur le tarmac de l’aéroport de Punta Cana, il y a plus d’un an, les trois pilotes français du Falcon 50 dorment en prison. Ils n’ont toujours pas été entendus dans cette affaire. Ce vendredi, une audience préliminaire, renvoyée à maintes reprises, doit se tenir à nouveau.
>> Sur 20 Minutes: Lire l'interview de la femme d'un pilote...
L’enjeu est le renvoi ou non des prévenus devant un tribunal. Pour la première fois, Alain Castany, Bruno Odos et Pascal Fauret, incarcérés dans le cadre d’une vaste enquête sur un trafic de stupéfiants à destination de la France, pourraient expliquer leur version des faits aux juges.
Le 19 mars 2013, ces trois pilotes se trouvaient à bord d’un avion privé appartenant à l’homme d’affaires Alain Afflelou au départ de Punta Cana quand les officiers de l’agence antidrogue dominicaine ont saisi dans les soutes 700 kg de cocaïne. En tout, une quarantaine de personnes avaient été arrêtées.
15 renvois d’audience
Aujourd’hui, les pilotes français qui nient toute participation et connaissance de ce trafic, sont toujours en détention provisoire. Karim Beylouni, l’avocat d’Alain Castany, déplore une procédure qui traîne en longueur: «6 changements de juges», «15 renvois d’audience», «13 mois de détention provisoire sans n’avoir jamais été interrogé»…
«Je ne connais même pas précisément les charges qui pèsent sur mon client, explique à 20 Minutes Karim Beylouni. Les pilotes n’ont pas contrôlé les valises. Ce n’était pas leur job. Il a été trompé sur l’objet de ce vol.»
Le Quai d’Orsay avisé
Selon l’avocat, le dossier contre son client n’est constitué que «de quelques feuillets» et «n’est pas étayé». «Le PV de flagrant délit est signé par une autorité locale qui se trouvait à un autre endroit et qui a signé un autre PV à la même heure», explique-t-il.
Selon nos informations, le Quai d’Orsay s’intéresse de près à la procédure. Mais «une implication directe peut avoir des conséquences à double tranchant en braquant les autorités locales», décrypte une source proche du dossier. L’affaire est sensible.
Rassemblement à Lyon
Début mars, le ministre des Affaires étrangères en personne, Laurent Fabius, avait jugé «très choquant» le report à plusieurs reprises du procès en République dominicaine. Il avait exigé qu’une audience se tienne rapidement. Un collectif de pilotes professionnels avait même menacé de ne plus desservir cette destination.
Samedi dernier, 150 personnes s’étaient rassemblées à Lyon à l’appel du comité de soutien de deux des trois pilotes. Quelques membres de ce comité de soutien devaient se rendre sur place pour assister à l'audience. Mais leur avion, prévu jeudi, a été annulé.