Pollution: «On dénombre 42.000 décès prématurés en France»

Pollution: «On dénombre 42.000 décès prématurés en France»

ENVIRONNEMENT- En raison des conditions atmosphériques, l’épisode de pollution qui touche la région Rhône Alpes depuis lundi pourrait se poursuivre jusqu’en fin de semaine…
Propos recueillis par Souhir Bousbih

Propos recueillis par Souhir Bousbih

Après le bassin Lyonnais et le Nord Isère, le seuil d’alerte de pollution aux particules fines a été déclenché mercredi par le préfet sur l'ensemble de la région, dont le bassin Grenoblois, sur la base des prévisions réalisées par l’association Air Rhône Alpes. Son président, Alain Chabrolle, appelle à «s’attaquer à la pollution de fonds» pour améliorer la situation de manière durable.

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Cet épisode de pollution est-il inédit?

Non, pas vraiment. En décembre, le pic de pollution observé durant 16 jours était lié à une période de froid et l' usage important de chauffage à bois, en particulier le chauffage au bois non performant, qui émet d'importantes quantités de particules fines. Aujourd’hui, la configuration est particulière: près de la moitié des particules fines viennent d’activités agricoles d'épandage. L’oxyde d’azote envoyé dans l’air s’associe à d’autres polluants émis par le chauffage et les activités de transports. Cette pollution s’accumule en ce moment à cause de l’inversion de température. En plus, il n’y a pas de vent: c’est comme si on avait un bouchon météorologique.

Justement, Météo France annonce du beau temps pour les prochains jours…

En effet, on peut s’attendre à ce que cet épisode perdure au moins jusqu’en fin de semaine. La région Rhône Alpe a un vrai souci. Plusieurs villes, comme Grenoble, sont au coeur de cuvettes et c’est ce qui empêche aussi l’évacuation des particules. Mais si on est là aujourd’hui, ce n’est pas seulement à cause de la météo. On a un fonds de pollution chronique trop important auquel il faut s’attaquer de manière durable. On a trop tendance à oublier la gravité du problème une fois que le pic est passé…

Pensez-vous qu’une plainte, comme celle déposée par l’ONG Ecologie sans frontières, fasse bouger les choses?

Disons que c’est un moyen de sensibiliser les gens, même si je pense que les décideurs ont pris conscience des enjeux. Maintenant, il va falloir mettre en œuvre les plans de protection de l’atmosphère dans les grandes villes. En France, 42.000 personnes décèdent prématurément chaque année après avoir été exposées aux particules fines, sans compter celles qui développent des maladies chroniques, comme l’asthme. L’impact sanitaire est vraiment important, mais heureusement, des solutions existent pour améliorer les choses.

Lesquelles?

En ville, il faut absolument que les derniers kilomètres de livraison soient réalisés par des véhicules propres, hybrides ou électriques. Dans les maisons chauffées au bois, fermer un foyer avec un insert labellisé permet de faire chuter la pollution de particules fines de 90%. Les candidats aux municipales devront aussi mieux intégrer les enjeux de l’air dans leurs projets d’aménagements urbains. Plus on éloigne une construction du bord de la route, et plus on limite les risques d’exposition.