Paris, capitale européenne de l’infidélité
SEXUALITE – Alors qu’une étude dresse un tableau européen des pratiques extraconjugales, celles-ci auraient particulièrement la cote à Paris…Mathieu Gruel
Paris, fidèle à sa réputation de ville de l'amour, serait-elle aussi la capitale européenne des infidèles? Une étude* de l'Ifop pour le site de rencontre extraconjugal Gleeden.com, publiée ce jeudi, permet de mieux cerner le phénomène.
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Et de constater que, dans ce domaine, la France n'est pas en retard sur ses voisins européens. Avec plus d'un homme sur deux (55%) et près d'une femme sur trois (32%) admettant avoir été infidèles, l’Hexagone fait jeu égal avec l’Italie (55% des hommes et 34% des femmes) et l’Allemagne (46% des hommes et 43% des femmes).
Mais en France, c'est Paris qui décroche la médaille d'or. Avec 150.000 Parisiens ou Parisiennes inscrits sur le site Gleeden.com, la capitale arrive loin devant les autres villes françaises. «Grâce à ces données, oui, on peut dire que Paris est la capitale européenne de l’infidélité», analyse Nadine Cattan, directrice de recherche au CNRS et auteur de l’«Atlas des sexualités en Europe».
Glamour et anonymat
La ville lumière serait donc le lieu idéal pour croquer la pomme. Pour les Parisiennes et les Parisiens, mais aussi pour les Européens de passage en ville. «Lors d’un déplacement professionnel, on passe plus facilement à l’acte. Et Paris à ce côté glamour qui peut faciliter les choses», souligne Nadine Cattan.
Milan, Barcelone, Bruxelles ou Londres… D’autres grandes capitales profiteraient également d’un «effet métropole», souligne la géographe. Même s’il est difficile d’en expliquer précisément les ressorts et l’ampleur, «faute d’études suffisamment nombreuses sur le sujet», Nadine Cattan reconnaît que «l’anonymat peut jouer».
Pour le fondateur du site Dayuse-hotels.com, qui propose des réservations de chambres pour quelques heures en journée, c’est clair: «Paris sera toujours la ville la plus infidèle. C'est quelque chose qu'on ressent», estime Daniel Lebée.
60% de clients infidèles
Chaque mois, 6.500 réservations sont ainsi effectuées via ce site, lancé en 2011 et présent dans neuf pays. «3.500 le sont uniquement sur Paris, quand Londres n'en compte que 600», détaille-t-il. Selon lui, ce total comprendrait 60% de clients infidèles, 10% de clients en transit, ou de réservation pour des interviews. Quant aux 30% restant, il s’agirait de couples légitimes, qui souhaitent pimenter leur quotidien.
Et comme la réservation en ligne est anonyme, «on a beaucoup de Batman et Betty Boop qui réservent», sourit Daniel Lebée. Le fait de réserver sur Internet pourrait ainsi «favoriser» cette infidélité. «Le numérique est un facilitateur», reconnaît Nadine Cattan.
Dans les métropoles, on aurait également «moins de mal avec cette notion d’infidélité», explique la chercheuse en se basant sur les profils d’utilisateurs de Gleeden.com. Parmi ceux-ci, les catégories socio-professionnelles supérieurs et les diplômés d’un niveau Bac+4 et plus sont en effet largement représentés. Avec cette population, également hyper connectée, Paris devrait ainsi pouvoir conserver son titre de capitale de l’infidélité pour encore quelque temps.
*Etude réalisée du 7 au 9 janvier 2014 via Internet, selon la méthode des quotas sur un échantillon de 4.879 personnes, représentatif de la population française, allemande, britannique, belge, espagnole et italienne âgée de 18 ans et plus.