Valérie Pécresse: «Il faut supprimer le statut de stagiaire»

Valérie Pécresse: «Il faut supprimer le statut de stagiaire»

JEUNESSE – Alors qu’une proposition de loi (PPL) socialiste visant à mieux encadrer les stages et à améliorer le statut des stagiaires est examinée ce mercredi à l'Assemblée, l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur fait ses propositions sur le sujet…
Propos recueillis par Delphine Bancaud

Propos recueillis par Delphine Bancaud

Faire évoluer les stages, oui, mais encore davantage. Alors qu’une proposition de loi (PPL) socialiste visant à mieux encadrer les stages et à améliorer le statut des stagiaires est examinée ce mercredi à l'Assemblée, l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse suggère d’aller plus loin et de revoir totalement le statut de stagiaire.

Estimez-vous que la proposition de loi sur l’encadrement des stages apporte de vraies avancées pour les stagiaires?

Plusieurs mesures proposées vont dans le bon sens et s’inscrivent dans la continuité des mesures que j’ai prises en tant que ministre: la défiscalisation des gratifications de stage, l’octroi d’avantages sociaux aux stagiaires, leur meilleure protection... Mais fixer une durée de stage maximale de six mois sans aucune dérogation n’est pas une bonne mesure. Car cela revient à supprimer la possibilité pour les étudiants de faire une année de césure, qui est parfois demandée dans certains cursus pour se forger une expérience solide afin de décrocher un emploi plus rapidement. Par ailleurs, le fait que la PPL instaure un quota de stagiaires par entreprise me gêne, car cela montre une vraie défiance vis-à-vis des entreprises. Il aurait fallu laisser plus de souplesse.

Pensez-vous cette PPL peut décourager certains employeurs d’accueillir des stagiaires?

Si les décrets d’application de la loi instaurent au final des règles trop strictes sur le sujet, cela peut en effet dissuader les entreprises de former des stagiaires. Alors que les étudiants ont besoin de plus d’expériences de terrain. Il ne faut pas non plus ajouter aux entreprises de nouvelles contraintes administratives, d’autant que cela irait à l’encontre du choc de simplification promis par François Hollande.

Dans Voulez-vous vraiment sortir de la crise?*, vous proposiez purement et simplement de supprimer les stages. Etes-vous toujours sur la même ligne?

Oui, il faut supprimer le statut de stagiaire qui est encore trop précaire. Pour les stages longs, je propose de les remplacer par un «contrat emploi-formation», d’une durée minimum de deux mois, qui aurait une portée symbolique et une valeur d’expérience professionnelle beaucoup plus forte. La rémunération du jeune varierait selon son niveau de formation et démarrerait à 436 euros pour un étudiant en bac pro, par exemple. Il ouvrirait des droits sociaux comme la retraite ou la sécurité sociale, et serait exonéré de charges.

Mais cette proposition coûterait plus cher aux entreprises. Est-ce réaliste à l’heure actuelle?

Le gouvernement n’a pas opté pour ce type de mesure et n’a pas voulu étendre les possibilités de gratification des stagiaires via cette PPL. Sans doute est-ce plus réaliste face à la situation économique de notre pays. Mais ma proposition pourrait voir le jour à moyen terme.

*Paru en septembre aux éditions Albin Michel.