SANTEL'opération de l'appendicite, ce n'est plus automatique

L'opération de l'appendicite, ce n'est plus automatique

SANTELe nombre d'appendicectomies a quasiment été divisé par quatre en France depuis les années 1980...
Claire Planchard

Claire Planchard

Passer sur le billot dès qu’on se tord de mal de ventre n’est plus monnaie courante. Alors que l’appendicectomie, le terme médical désignant l’ablation de l’appendice, a longtemps été l’intervention chirurgicale la plus fréquente en France, cette pratique a connu un coup de frein impressionnant ces trente dernières années.

8% de baisse par an en moyenne entre 2000 et 2003

Selon un rapport publié vendredi par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), le nombre de séjours hospitaliers annuels pour appendicite est passé de plus de 300.000 entre 1968 et 1975 à 282.000 en 1986 avant d’atteindre 162.000 en 1997. A partir de cette date, les données du MPSI (Programme de médicalisation des systèmes d’informations) font état d’un recul continu jusqu’à 83.400 séjours en 2012, avec une baisse record de 8% en moyenne chaque année entre 2000 et 2003.

Dans le détail, si le nombre de séjours ayant un diagnostic d’appendicite aiguë grave a progressé de 257.000 en 1997 à 275.000 en 2012 (+7%), ceux avec un diagnostic d’appendicite aiguë non grave ont baissé de 60% entre 1997 et 2012, passant de 113.500 à 45.100, tout comme ceux pour une pathologie appendiculaire non aiguë ou pour une autre pathologie.

«Recours plus adapté à la chirurgie»

«Cette évolution est en faveur d’un recours plus adapté à la chirurgie: à la surveillance des cas douteux est venue s’ajouter l’utilisation de scores prédictifs de diagnostic depuis les années 1980, puis, à partir de la fin des années 1990, des examens morphologiques (échographie ou scanner) qui ont amélioré la précision diagnostique préopératoire. Cela a limité le nombre des interventions réalisées pour des douleurs abdominales non spécifiées ou pour des pathologies non appendiculaires», explique la Drees dans son rapport. Un recul qui ne s’est traduit ni par l’augmentation des formes graves et complications (abcès, péritonites) redoutée par certains spécialistes, ni par une hausse de la mortalité.

Les principaux bénéficiaires de ces nouvelles pratiques médicales sont les enfants avec un recul des interventions de 75% chez les 5-9 ans, de 66% chez les 10-14 ans et de 51% chez les 15-19 ans. Du coup, les 5-19 ans ne représentaient plus en 2012 que 43% des opérés contre 61% en 1997.

Au niveau mondial, la France ne fait plus figure d’acharnée du bistouri: alors qu’elle était encore championne de l’appendicectomie au sein de l’UE et de l’OCDE en 1993 (avec un taux 2,5 fois plus élévé que celui des États-Unis et 3,7 fois que celui du Canada ou du Royaume-Uni), elle ne trônait plus en 2009 qu’à la huitième place parmi 22 pays de l’UE et à la cinquième parmi 27 pays de l’OCDE (avec un taux de 1,4 fois celui des États-Unis et du Canada et de 1,7 fois celui du Royaume-Uni).