Taxis contre VTC: Les pistes envisagées pour sortir de la crise

Taxis contre VTC: Les pistes envisagées pour sortir de la crise

TRANSPORTS – Alors que les taxis, qui dénoncent une concurrence déloyale des VTC, sont en grève depuis lundi…
M.Gr.

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La balle est dans le camp du gouvernement. Ce jeudi, Jean-Marc Ayrault a annoncé sur Europe 1 qu'il prendrait «une décision» au sujet du conflit des taxis, à l'issue d'une nouvelle réunion, qui rassemblait les syndicats et le médiateur, le député PS Thomas Thevenoud, chargé par le gouvernement de trouver d'ici à deux mois une issue au conflit opposant taxis et voitures avec chauffeur.

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Si les taxis attendent notamment une réponse de Matignon à leur demande d'un gel des immatriculations des voitures avec chauffeur (VTC), avant de lever leur grève, il ne s’agira que d’une solution temporaire. 20 Minutes a listé trois pistes à l’étude, pour sortir de cette crise.

1. Le rachat des licences

Elle est évoquée par le chercheur Guillaume Allègre, qui base sa réflexion sur une erreur initiale. Celle d'«avoir permis aux chauffeurs de racheter les licences», alors qu'elles étaient attribuées gratuitement depuis 1973, «dans un souci de limiter le nombre de taxi et donc de leur garantir des revenus décents».

Pour lui, il faut donc sortir de ce «système absurde», qui oblige à payer en moyenne 230.000 euros pour pouvoir travailler. Il propose que l'Etat rachète la licence des conducteurs de taxis, au prix d’achat plus des intérêts, au moment de leur départ en retraite. Cette dépense, «estimée à 4 milliards d'euros rien que pour Paris, pourrait être lissée dans le temps», en fonction des départs à la retraite. Face aux VTC, qui s'acquittent en préfecture d'une attestation (environ 100 euros), aux taxis ayant eu une licence gratuite et ceux, qui ont dû la racheter notamment sur LeBonCoin, cela permettrait de remettre à plat les règles du jeu.

2. Faire sauter le numerus clausus des taxis

Cette proposition émanait du rapport Attali de 2008. La «décision 211» de ce document, qui en comprenait 316, envisageait d'«octroyer gratuitement, par une procédure d'attribution étalée sur deux ans, une licence incessible à tous les demandeurs inscrits fin 2007.» Ces conditions d'attribution auraient ainsi permis la création de 6.000 nouvelles licences, détaillait le rapport.

Jacques Attali estimait ainsi, à travers la «décision 209», qu'une ouverture complète du marché des taxis permettrait d'atteindre 60.000 taxis et VPR (véhicules de petites remises) à Paris et en proche banlieue, «soit un gain d'emplois de 35.000 à 45.000», estimait le rapport. Si une telle mesure était prise, le prix unitaire des licences, par effet mécanique, viendrait alors à baisser. De quoi crisper les détenteurs de licences les ayant achetées au prix fort, il y a quelques années.

3. Encadrer plus fortement l'activité des VTC

Longtemps protégés, les taxis dénoncent la «concurrence déloyale» des sociétés de VTC, qui se sont multipliées depuis un assouplissement de la législation en 2009. Si les VTC ne peuvent travailler que sur réservation, les taxis les accusent pourtant de prendre des clients à la volée.

Les syndicats de taxis réclament donc un meilleur encadrement, en fixant notamment un délai de réservation de 30 minutes au moins, ainsi que des courses d'un montant minimum de 60 euros et l'interdiction des applications de réservation de VTC sur smartphone. Actuellement en France, on compte quelque 55.000 taxis dans l'Hexagone, dont environ 20.000 à Paris. Fin 2013, on recensait parallèlement 6.500 entreprises de VTC exploitant quelque 12.400 véhicules.