Comment la France veut redevenir un pays minier

Comment la France veut redevenir un pays minier

MINES – Un troisième permis d'exploration a été accordé en France métropolitaine en moins d'un an...
Céline Boff

Céline Boff

Un dossier enterré, les mines? Pendant plus de vingt ans, les sous-sols de l’Hexagone ont été laissés à l’abandon. Mais la trêve est terminée. Mardi, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a accordé un permis d’exploration à Variscan Mines. Qui va donc partir à la recherche d’or et d’argent dans le Maine-et-Loire.

Ce n’est pas une première. En juin, cette même société avait décroché un autre permis, cette fois-ci pour explorer les sous-sols de la Sarthe et de la Mayenne. Et cinq mois plus tard, une autre entreprise, Cominor, obtenait quant à elle le droit d’aller fouiller une partie de la Creuse. En moins d’un an, trois permis d’exploration ont donc été accordés et le rythme devrait s’accélérer: une dizaine de demandes d’autorisation sont déjà dans les tuyaux.

Mais pourquoi les entreprises s’intéressent-elles soudainement aux sous-sols français? «Parce que les pays émergents ont de plus en plus besoin de métaux. Cette demande croissante fait grimper les prix, notamment de l’or et du cuivre», répond Thomas Porcher, économiste spécialisé dans les matières premières. «Du coup, l’extraction, même de petites quantités, devient rentable et cela explique la volonté des entreprises de forer en France».

Des métaux qui pourraient manquer aux industriels européens

D’autant plus que certains métaux, très demandés à travers le monde, pourraient bientôt manquer aux industriels européens… Alors qu’ils sont présents dans les sous-sols du vieux continent, mais sans être pour l’heure suffisamment exploités. C’est le cas de l’antimoine, que l’on retrouve dans les lubrifiants, les pigments ou encore les catalyseurs.

Mais aussi de nombreux autres «métaux mineurs» et de «terres rares», indispensables à de multiples équipements (rails, fuselage des avions, etc.) et produits de haute technologie (panneaux photovoltaïques, écrans plats, téléphones mobiles, etc.). Dans un rapport publié en juillet, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective recommandait ainsi à la France d’aller chercher ces ressources minières présentes sur son territoire.

Pour l’instant, les permis accordés par Bercy se limitent à une simple exploration. Pendant trois à cinq ans, les entreprises se contenteront donc de rechercher les métaux, sans pouvoir les exploiter. Sachant que ces sociétés vont investir de 3 à 12 millions d’euros dans ces opérations, il y a de fortes chances qu’elles obtiennent par la suite des permis d’exploitation.

Des créations d’emplois

D’autant plus qu’elles ont le soutien du gouvernement. Arnaud Montebourg ne le cache pas, il veut que la France «redevienne une terre de mines», ce qui ouvrira «d’importantes perspectives de croissance pour les territoires». Et peut-être pour les finances de la nation. Car l’Etat français reste le propriétaire des richesses trouvées dans son sous-sol. Si le code minier devrait bientôt être réformé, il ne changera pas ce principe. Autrement dit, l’exploitation des mines sera forcément synonyme de rentrées d’argent pour les caisses publiques.

Arnaud Montebourg met également en avant les futures créations d’emplois. Les estimations évoquent 100 à 300 postes par mine. Mais ne rêvons pas: «Les mines ne permettront pas à la France de sortir de la crise. Les technologies d’extraction ont évolué, il peut être économiquement pertinent d’exploiter à nouveau certains endroits, mais nous connaissons déjà assez bien le sous-sol français. Nous n’allons pas soudainement découvrir des ressources majeures et insoupçonnées en cuivre ou en or», prévient Patrice Geoffron, professeur d'économie à l'université Paris Dauphine.