Après Nantes et Tours, trois spectacles de Dieudonné interdits à Paris
SOCIETE•Le polémiste ne désarme pas, avec la publication, vendredi soir, d'une nouvelle vidéo et l'annonce d'un nouveau spectacle «écrit en trois jours»...20 Minutes avec AFP
En fin de soirée, une nouvelle interdiction du spectacle «Le Mur» est venue s'ajouter aux précédentes. Le préfet de police de Paris a en effet interdit par arrêté trois prochains spectacles de Dieudonné annoncés sur le site du polémiste pour samedi, dimanche et lundi et qui n'étaient pas prévus initialement, selon une source à la préfecture de police.
La première représentation devait se tenir samedi à 14h00 dans le théâtre de la Main d'Or à Paris (Xie). Initialement, le prochain spectacle prévu à Paris était programmé pour le 16 janvier et le préfet de police avait déjà engagé une procédure d'interdiction.
Vendredi soir, Dieudonné a publié une nouvelle vidéo de cinq minutes sur sa page Facebook, annonçant qu'il avait écrit un nouveau spectacle en trois jours. Il y remercie son public pour son soutien, se disant victime d'une «chasse ouverte par M. Manuel Valls».
Tours suit Nantes
Un peu plus tôt dans la soirée, c'est à Tours que l’humoriste controversé a été déclaré persona non grata. Validé dès la mi-journée par le tribunal administratif d'Orléans, saisi de requêtes d'un spectateur et de Dieudonné M'bala M'bala, l'arrêté d'interdiction du spectacle "Le Mur" prévu à Tours a été confirmé dans la soirée par le Conseil d'Etat, saisi par le polémiste.
«On sera encore là demain», a déclaré, après la lecture de la décision, l'un des conseils de Dieudonné, Me Sanjay Mirabeau, en référence à un troisième arrêté interdisant le spectacle à Orléans samedi après ceux de Nantes et Tours. «A chaque fois que nous aurons une décision d'interdiction en première instance, nous irons au Conseil d'Etat», a-t-il prévenu.
Décision à 11h00 pour Orléans
Le tribunal administratif d'Orléans doit rendre samedi à 11H00 sa décision sur le recours de Dieudonné contre un arrêté pris par le maire d'Orléans qui interdit le spectacle le soir même au Zénith de la ville. Selon les autorités, environ 2.500 billets ont été vendus sur les 5.000 à 6.000 places que compte le Zénith d'Orléans.
Dans son nouveau one-man-show déjà présenté à Paris, Dieudonné, 47 ans, plusieurs fois condamné pour antisémitisme, multiplie les charges contre «les juifs», «la juiverie» ou encore «kippa-city».
A Tours, la confirmation de l'annulation du spectacle a été accueillie dans le calme en début de soirée par les quelque 300 spectateurs massés devant la salle du Vinci, et encadrés par un important dispositif de sécurité.
Faisant écho au ministre de l'Intérieur Manuel Valls la veille, les avocats de Dieudonné avaient immédiatement attaqué vendredi la décision du tribunal d'Orléans concernant le spectacle de Tours en déposant un référé devant le Conseil d'Etat. Jeudi déjà, la plus haute juridiction administrative avait confirmé l'interdiction du spectacle à Nantes.
«Risques pour la liberté d'expression», selon Jack Lang
L'ancien ministre PS Jack Lang, également professeur de droit, a toutefois estimé vendredi que cette décision du Conseil d'Etat «portait en germe de graves risques pour la liberté d'expression». Plusieurs humoristes, comme Didier Porte et Christophe Alévêque ont dénoncé un «emballement politico-médiatique contreproductif» autour de Dieudonné, estimant qu'il faut laisser la justice condamner ses délits plutôt que d'en faire un martyr.
Jeudi, le Conseil d'Etat avait donné raison à Manuel Valls en interdisant pour la première fois, et dans un délai record, le spectacle, deux heures avant sa représentation prévue à Nantes, première étape de la tournée en région.
La décision du Conseil d'Etat constitue un revirement de jurisprudence, les tribunaux administratifs ayant, à une quinzaine de reprises ces dernières années, invalidé des arrêtés d'interdiction de spectacles de Dieudonné. «La République a gagné», s'était félicité Manuel Valls, à l'origine d'une circulaire préconisant l'interdiction au cas par cas du spectacle pour troubles à l'ordre public.