Trafic de viande de cheval: 21 interpellations après une opération de gendarmerie
SOCIETE•Une centaine de gendarmes sont mobilisés pour interpeller plusieurs membres à l'origine de ce trafic de viande de cheval de laboratoires...A.-L.B avec AFP
Une vaste opération de gendarmerie a été déclenchée ce lundi matin dans onze départements français dans le cadre d'une enquête sur un trafic de viande de cheval et de viande en gros, a indiqué la gendarmerie dans un communiqué. Vingt-et-une personnes ont été interpellées, selon une source proche de l'enquête. Ces chevaux sont passés par des laboratoires scientifiques ou des centres équestres.
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L'opération, réalisée dans le cadre d'une information judiciaire conduite à Marseille, a mobilisé une centaine de militaires, a précisé la gendarmerie. Elle s'est déployée principalement dans le sud de la France, en Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Midi-Pyrénées, a-t-on appris de source proche de l'enquête. Les gendarmes ont interpellé un homme à Narbonne (Aude), apparemment à son domicile, avant de l'emmener sur le site des abattoirs de la ville où pourrait se trouver les bureaux de sa société.
Vingt-et-une interpellations ont eu lieu. Elles devaient s'accompagner de perquisitions au siège de négociants en viande et, dans une moindre mesure, dans des abattoirs. Les investigations visent essentiellement la mise sur le marché de viande de cheval impropre à la consommation.
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Cette enquête est partie du signalement, il y a quelques mois, de viande de cheval ne satisfaisant pas les normes sanitaires dans un abattoir de l'Aude. «De 2010 à 2012, près de 200 chevaux, des cobayes du laboratoire Sanofi Pasteur (d'Alba-la-Romaine, en Ardèche) qui ont servi à des tests médicamenteux et à des tests de vaccins, auraient été vendus dans des boucheries du grand Sud de la France et probablement en Espagne», rapporte le site M6info.fr ce lundi.
Selon M6Info, c'est une lettre anonyme d'octobre 2012 à propos d'un boucher grossiste de Narbonne qui a déclenchée cette enquête. Sanofi Pasteur, division vaccins du groupe pharmaceutique Sanofi, a été blanchi par l'enquête, et Sanofi va se constituer partie civile, a indiqué le procureur de la République de Marseille Brice Robin. «Sanofi va se constituer partie civile, leur religion ayant été trompée, et je partage leur analyse», a déclaré le procureur lors d'une conférence de presse, 60 chevaux utilisés par le laboratoire ayant été revendus dans le cadre de cette fraude.
Animaux impropres à la consommation
«Un marchand de chevaux aurait ainsi acheté 200 équidés cobayes au groupe pharmaceutique, au prix de10 euros la pièce entre 2010 et 2012. Cet intermédiaire les revendait ensuite entre 200 et 300 euros la bête au boucher grossiste de Narbonne. (..) En 24 mois, il aurait ainsi récolté près de 50.000 euros pour la revente de ces équidés», ajoute le site M6info.fr. La combine aurait nécessité de faux documents pour les chevaux.
Benoît Hamon, le ministre de l'Economie solidaire et de la consommation, a déclaré ce lundi matin que cette affaire est très différente du scandale de la viande de cheval, il y a plusieurs mois. «On vendait du cheval à la place du bœuf, explique le ministre, on était dans la tromperie commerciale. Là il pourrait s'agir d'un problème sanitaire, c'est différent de ce que l’on a connu», a déclaré Benoît Hamon sur RTL. «La vigilance est toujours de mise dans la commercialisation de la viande de cheval», a précisé le ministre.
Le procureur de la République à Marseille Brice Robin, en charge de l'enquête, a déclaré pour sa part n'avoir «absolument pas la preuve à travers des analyses toxicologiques que ces animaux étaient nuisibles à la santé humaine». «Ce n'est pas parce qu'ils sont impropres à la consommation qu'ils sont nuisibles à la santé de l'homme», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.