Interview vidéo d’Abd al Malik: «Je ressens un malaise quand j’entends Marine Le Pen»

Interview vidéo d’Abd al Malik: «Je ressens un malaise quand j’entends Marine Le Pen»

RELIGION – Invité de la rédaction, le rappeur a commenté quelques vidéos d’actualité pour «20 Minutes»…
Matthieu Goar et Thomas Lemoine

Matthieu Goar et Thomas Lemoine

La littérature pour démonter les stéréotypes. A l’occasion de la sortie de son roman, L’islam au secours de la république (Ed. Flammarion), le rappeur Abd al Malik nous a fait le plaisir de passer à la rédaction. Dans son livre, le musicien imagine un candidat à la présidence de la République surpris en train de prier Allah par une femme de ménage. S’ensuit un scandale mis en scène par les médias et alimenté par les réactions caricaturales des proches de l’homme politique. «Bon sang, c’est pas ta culture, comment ça a pu t’arriver un truc pareil », s’énerve au téléphone un ami du candidat. Cette fiction permet surtout à Abd al Malik de raconter les préjugés qui tournent autour de sa religion.


>> Relire le chat d’Abd al Malik avec les internautes de 20minutes.fr

Converti à l’adolescence au soufisme, un courant mystique de l’Islam, le franco-congolais déconstruit, ironise mais fait aussi preuve de pédagogie en essayant d’expliquer sa vision de ce monothéisme. «Il était convaincu que la spiritualité était la prise de conscience de notre humilité», pense le héros d’Abd al Malik qui a pensé son livre comme une fable où il décrit la réalité sans révéler si le candidat est finalement élu à la présidence de la République. «Je préfère laisser le lecteur s’imaginer la fin », confie-t-il.

Le slameur face à l'actualité

Pour prolonger la discussion, nous avons proposé à l’écrivain de commenter des événements récents où les politiques et les médias ont évoqué l’islam, pas toujours de façon très nuancé.

La 31 octobre 2013, la France est heureuse. Quatre otages retenus depuis des années par des djihadistes africains sont libérés. Marine Le Pen dit alors avoir éprouvé un «malaise» à cause de l’habillement des otages et sous-entend leur conversion à l’islam radical. «Moi aussi, j’ai éprouvé un malaise en l’entendant (…) je trouve que ce n’est pas digne», lui répond Abd al malik.




La semaine dernière, la justice a confirmé le licenciement d’une salariée voilée de la crèche Baby-Loup. Sans remettre en cause cette décision, le musicien aimerait que les Français connaissent mieux le voile qui n’est pas qu’un «caricature de ce que l’on voit en Afghanistan ». «On doit travailler à connaître l’autre », commente-t-il.




Au printemps de 2012, le Toulousain Mohamed Merah tue 7 personnes au nom d’un islam djihadiste. «Le début détermine la fin », explique al Malik qui renvoie la République à ses responsabilités. «Mohamed Merah s’est fait sa conception du monde en France ? ».




Manuel Valls se vante de démanteler des cellules terroristes à la télé. Pendant ce temps-là, peu de musulmans modérés s’expriment ou sont invités à parler. Abd al Malik revendique ce rôle. «Il est important de parler des musulmans heureux d’être là.(…) Ma spiritualité est privée, intime mais depuis le 11 Septembre, je suis obligé d’en parler», explique-t-il.