Réforme des rythmes scolaires: La grogne va-t-elle s’essouffler?

Réforme des rythmes scolaires: La grogne va-t-elle s’essouffler?

EDUCATION – La grève ce jeudi contre les rythmes scolaires sera moins suivie que celle du 14 novembre et la fronde des maires semble avoir baissé d’un cran…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Après trois mois de fronde contre la réforme des rythmes scolaires, la mobilisation commencerait-elle à s’essouffler? Les enseignants et les personnels municipaux sont appelés par le SNUipp à une grève nationale ce jeudi pour demander un assouplissement du décret sur les rythmes scolaires et réclamer une meilleure prise en compte de la priorité au primaire. Un mouvement soutenu aussi par les syndicats FO, CGT et SUD et la Peep (deuxième fédération de parents d’élèves).

Mais, selon le ministère de l’Education, 18,89% des enseignants font grève ce jeudi au niveau national et 15,64% dans l’académie de Paris. Des chiffres inférieurs à ceux de la grève du 14 novembre qui avait affiché 23% de participants au niveau national et 41% pour l’académie de Paris, selon le ministère. «La preuve que le mouvement de grogne n’a pas fait boule de neige et est en train de s’essouffler. Surtout à Paris, qui était le fer de lance de la fronde. Les enseignants se sont rendu compte que Peillon ne reculerait pas sur cette réforme. Ils ne croient donc plus au rapport de force», analyse Claude Lelièvre, historien de l’éducation.

Un avis que ne partage pas Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp: «La mobilisation reste significative, surtout si on regarde ce qui s’est passé depuis trois semaines. Car on sait que les enseignants ne participent pas à toutes les grèves, notamment pour des raisons économiques». Mais pour Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, l’argument ne tient pas car la plupart des enseignants n’ont plus envie de polémiquer sur le sujet: «Ils sont dans une phase d’appropriation de la réforme et savent que même s’ils restent des points de crispation locaux, globalement cela ne se passe pas si mal. Et que l’opinion publique n’est pas défavorable à ces nouveaux rythmes».

La crispation des maires moins audible

La fronde des édiles contre cette réforme semble aussi avoir baissé d’un ton depuis le Congrès des maires de France. Lors de celui-ci, un sondage avait indiqué que 83% des communes se déclaraient satisfaites de la mise en œuvre de la réforme, même si 77% rapportaient avoir eu des difficultés pour la financer. «Ce sondage a montré qu’il n’y avait finalement qu’une minorité de mécontents, ce qui a mis un coup de frein aux déclarations tonitruantes», insiste Claude Lelièvre. En effet, si le 12 novembre un collectif de 55 maires avait déclaré qu’il n’appliquerait pas la réforme en 2014, ils ont été rares à réitérer leurs menaces publiquement depuis. Et si ce jeudi, l’Assemblée nationale débat d’une proposition de loi de l’UMP Xavier Bertrand visant à laisser aux maires «le libre choix» d’organiser des activités périscolaires dans leur commune, les échanges risquent d’être bien moins animés qu’il y a quelques semaines.

Enfin, la publication de l’étude Pisa ce mardi semble avoir ouvert une autre séquence politique pour Vincent Peillon: «Il va faire bientôt des annonces sur le collège et l’éducation prioritaire. Il a ouvert le chantier des programmes et du métier d’enseignant, ce qui va dépolariser le débat», prédit Christian Chevalier. Reste à savoir si la grève de ce jeudi sera la dernière sur ce sujet… ou si elle sera suivie d’une pause avant une reprise des hostilités à la rentrée 2014, lors de la deuxième vague du passage des communes à la semaine de 4,5 jours.