Une jeune femme frêle, le visage anguleux, le regard fuyant. C’est l’une des dernières images que les Français gardent de Florence Rey, lors de son procès en 1998 pour l’équipée mortelle d’octobre 1994, qui s’est soldée par cinq morts, dont trois policiers et son compagnon Audry Maupin à Vincennes. Considérée comme co-auteur d’un des quatre meurtres, la jeune femme, âgée de 19 ans au moment des faits, est condamnée à vingt ans de réclusion criminelle. Elle est sortie de prison en 2009, à 34 ans, après quinze ans de prison, grâce aux remises de peines habituelles.

>> Lire ici le long portrait de Florence Rey, paru dans L'Express en 1998

Quinze années durant lesquelles la jeune femme se reconstruit, surmonte le deuil de son compagnon, Audry Maupin. Tourne la page de son ancienne vie, celle d’une étudiante en lettres de 19 ans, folle amoureuse d’un jeune étudiant en philosophie de 22 ans, qui gravite dans la mouvance d’extrême gauche de Nanterre (Hauts-de-Seine). Une relation qui a plongé cette fille de bonne famille dans la marginalité, le couple vivant notamment dans un squat. Florence Rey n’a jamais vraiment expliqué les motivations de ses actes.

Une détenue modèle… figurante dans un film

D’après l’administration pénitentiaire, Florence Rey s’est comportée en détenue modèle durant son passage derrière les barreaux. Très discrète au centre pénitentiaire de Rennes (Ille-et-Vilaine), elle a repris des études d’histoire-géographie notamment, puis a passé un BTS d’assistante de gestion, qui lui a permis d’effectuer des stages en entreprises durant sa détention. Des proches cités par Le Figaro évoquent une «femme transformée», qui a pu compter sur le soutien de sa mère et qui ne souhaitait qu’une chose: retomber dans l’anonymat.

L’affaire Dekhar, le troisième homme de l'affaire Rey-Maupin, braque de nouveau les projecteurs sur Florence Rey, celle que la presse décrivait avec Audry Maupin comme les «Bonnie and Clyde» à la française. Mais la jeune femme s’est mise elle-même sur le devant de la scène puisqu’elle apparaît au générique comme figurante et assistante régie du film L’Orpheline avec en plus un bras en moins, de Jacques Richard, révélait en novembre 2011 Le Mague. Un film sorti en 2012 et qui avait pour premier rôle Melvil Poupaud, le neveu de Jacques Richard.

L’acteur évoque d’ailleurs Florence Rey, ainsi que son oncle, dans son autobiographie, Quel est Mon noM?: «Plus récemment, il (ndlr: Jacques Richard) est tombé amoureux d’une jeune femme avec laquelle il a entretenu une correspondance enflammée, avant qu’elle ne soit libérée à la suite d’une longue peine de prison. A sa sortie, son premier travail fut d’être assistante et figurante sur l’Orpheline, ce qui me permit de découvrir une jeune femme d’une intelligence et d’une intensité qu’aucune tragédie ne semble pouvoir altérer.» Depuis que son nom défile sur les bandeaux des chaînes de télé en continu, accolé à l’affaire du «tireur de Libération» sur tous les sites d’infos et dans les journaux, Florence Rey ne s’est pas manifestée.