SOCIÉTÉLes agriculteurs accusent le ministre des Transports de manipulation après un drame

Les agriculteurs accusent le ministre des Transports de manipulation après un drame

SOCIÉTÉpompier est mort jeudi dans le Val d'Oise en percutant un camion, à cause des barrages agricoles, assure Frédéric Cuvillier...
Alexandre Sulzer

Alexandre Sulzer

Dernière minute: le deuxième accident s'est produit à Wissous (Essonne), indique le ministère des Transports à 20 Minutes, les barrages sont levés vers midi...

Un drame et des accusations de manipulation. Le ministre délégué aux Transports, Frédéric Cuvillier, a demandé la «levée immédiate» des barrages d'agriculteurs autour de Paris jeudi après deux accidents, l'un mortel, l'autre ayant blessé légèrement six personnes.

« Deux accidents dans les barrages des agriculteurs en IDF, avec un mort. Danger! J'appelle à lever immédiatement les barrages #responsabilité — Frédéric Cuvillier (@fcuvillier) November 21, 2013 »

Selon la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles du Val d'Oise, jointe par 20 Minutes, l'accident mortel s'est produit à Montsoult, à un kilomètre de La Croix Verte, sur la Francilienne. Un pompier volontaire de 29 ans se rendant à son travail a percuté un camion «à cause d'un ralentissement provoqué par les barrages», assure l'entourage du ministre des Transports. Une enquête a été ouverte par le parquet de Pontoise. Elle vise à «déterminer les circonstances exactes de l'accident» et à «établir les responsabilités» des différents protagonistes dans le drame. Selon le parquet de Pontoise, le camion, un poids lourd de 19 tonnes, était à l'arrêt lors de la collision. «Il avait mis ses warnings» mais la victime «n'a pas pu s'arrêter à temps», a-t-on précisé.

«A l'heure où ça s'est passé, il faisait nuit. La chaussée était mouillée et la route n'était pas éclairée», a précisé le procureur Yves Jannier. «Habituellement, à cette heure-là, la circulation est relativement fluide. La victime a peut-être été surprise» par le bouchon.

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«Par compassion», l'organisateur des manifestations agricoles Damien Greffin, président de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles d'Ile-de-France, a accepté de lever le barrage de La Croix Verte. «Nous l'avons levé par solidarité avec la famille de la victime mais nous déclinons toute responsabilité, indique-t-il à 20 Minutes. Notre barrage est situé à deux kilomètres du lieu du drame.» «Le gouvernement déraille. Il nous accuse mais c'est une manipulation pour déstabiliser notre mouvement.» Damien Greffin précise qu'aucun barrage n'a été levé à la demande du ministre des Transports mais qu'ils le seront tous en fin de matinée jeudi comme programmé initialement. Un barrage de tracteurs dans les Yvelines, aux alentours de Trappes, a été appelé à se disperser et les convois de la N20 et l'A6 dans le sud (Essonne) ont en effet pris fin vers midi, ont constaté des correspondants de l'AFP. «Nous allons remettre monsieur Cuvillier dans le droit chemin», menace Damien Greffin, sans plus de précisions. Une mobilisation des agriculteurs de «tout le bassin parisien» est prévue le 29 novembre.

Concernant le deuxième accident, le ministère des Transports a précisé à 20 Minutes qu'il s'agissait d'une collision entre un semi-remorque et une fourgonette de CRS sur une bretelle d'accès à l'A6 à hauteur de Wissous (Essonne). Selon le ministère, plusieurs fourgonettes de compagnies républicaines de sécurité étaient bloquées sur cette bretelle, en marge d'un barrage agricole, quand la fourgonette de queue a été percutée. Six CRS ont été «légèrement» blessés et conduits à l'hôpital de Longjumeau pour des «vérifications», le véhicule touché est «hors d'usage».

Aux accusations de manipulations, le ministère des Transports répond que Frédéric Cuvillier «a, en responsabilité, souligné qu'il y avait eu des accidents en marge des barrages». «Il n'y a donc aucune manipulation», conclut-on.

Perturbations en Ile-de-France

Avec la section régionale des Jeunes agriculteurs, la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles d'Ile-de-Franceil avaitt appelé ses adhérents à organiser un «blocus de Paris». Ils ont commencé avant l'aube à se rassembler sur les principaux axes conduisant au sud et à l'ouest de la capitale notamment sur l'A6 et la N20 dans l'Essonne (sud), la RN12 dans les Yvelines à l'Ouest. Le Centre régional d'information et de coordination routières (CRICR) notait peu après 9h que «les déplacements en Ile-de-France sont rendus difficiles par ces opérations» des agriculteurs.

Le CRICR notait des perturbations dans l'Essonne en direction de Paris sur l'A6 près d'Auverneaux, où deux voies sont neutralisées par un barrage filtrant, ainsi que sur la N20 au niveau d'Etampes, où quelque 200 agriculteurs et une cinquantaine de tracteurs organisaient un barrage filtrant. Sur la N12, la circulation était coupée à hauteur du tunnel de Jouars-Pontchartrain (Yvelines), ce qui entraînait des ralentissements jusqu'à Dreux (Eure-et-Loir).

Explosion de colère

Lancé lundi contre la «surfiscalité» et l'excès de réglementations parfois contradictoires, pour réclamer la démission du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le mot d'ordre s'est recentré contre la redistribution des aides européennes entre céréaliers et éleveurs (au profit de ces derniers) à la faveur de la nouvelle Politique agricole commune (PAC). La FDSEA est particulièrement remontée contre la disposition, défendue par la France, qui consiste à surdoter les 52 premiers hectares, pour avantager les petites exploitations.

Selon Damien Greffin, qui exploite seul 150 ha de céréales et betteraves dans l'Essonne, cette nouvelle donne représenterait «une perte de revenus de 30 à 40% pour les céréaliers». «On va massacrer l'agriculture végétale et laitière avec ce dispositif qu'on sera les seuls à appliquer en Europe. Ca va faire dévisser nos entreprises», jure-t-il.

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