Affaire Merah: Le rescapé de la tuerie du lycée juif de Toulouse témoigne pour la première fois
TEMOIGNAGE•Bryan Bijaoui, 17 ans, confie avoir l’impression d’être un miraculé et s’efforcer de mener une vie normale…Delphine Bancaud
Alors que François Hollande, en visite officielle en Israël, doit se recueillir ce mardi sur les tombes de certaines victimes de Mohamed Merah, Bryan Bijaoui a témoigné pour la première fois sur Europe 1. Il est la seule victime rescapée de la tuerie du lycée juif de Toulouse (Haute-Garonne) le 19 mars 2012, lors de laquelle il avait été grièvement blessé. Après être resté 18 heures dans le coma, le jeune homme était resté un mois et demi en soins intensifs.
«Grâce à Dieu, je vais bien. Moralement, ça va. Physiquement, je suis toujours avec un médecin et un kiné. J'ai été touché un peu partout: les poumons, l'estomac, le diaphragme. Je m'essouffle rapidement, mais on s'y habitue, je travaille pour améliorer ça», raconte-t-il.
Impossible de juger Merah pour lui
Interrogé sur ce qu’il a vécu, le jeune homme a toujours du mal à évoquer le drame: «J'ai des souvenirs, oui, mais je n'ai pas envie de les divulguer», explique-t-il. «C'est quelque chose que je n'essaie pas d'oublier, mais dont j'essaie de me servir pour avancer. Je ne dirais pas que j'y pense tout le temps ou que je n'y pense pas du tout, c'est quelque chose qui fait partie de ma vie, j'essaie d'avancer comme je peux», confie-t-il.
Et loin d’avoir ébranlé sa foi, le drame semble l’avoir même renforcée. «C'est un miracle si je suis encore là! Ne plus croire en Dieu après cela me semble impossible», confie-t-il. Interrogé sur un éventuel pardon qu’il pourrait accorder au tueur de Toulouse, Bryan Bijaoui n’arrive pas à répondre: «Je ne sais pas», susurre-t-il. «Je ne suis qu'un homme, je ne peux pas juger. Je ne peux pas me le permettre. Chacun a sa manière de faire, je ne suis pas parfait pour parler des autres», ajoute-t-il. Quant à l’enquête sur l’affaire, le jeune homme déclare ne pas s’y intéresser. «J’essaye de mener une vie normale», insiste-t-il…