La précarité des chômeurs non indemnisés s’accroît
SOCIAL – Selon le rapport annuel du Secours catholique paru ce jeudi, les chômeurs non indemnisés ont de plus en plus besoin d’un soutien matériel pour s’en sortir…Delphine Bancaud
Les stigmates de l’aggravation de la crise et de la dégradation du marché de l’emploi ces dernières années sont bien là. De plus en plus de chômeurs non indemnisés sont aidés par le Secours catholique, révèle le rapport annuel de l’association rendu public ce jeudi.
Alors qu’ils représentaient 40% des actifs accompagnés par le Secours catholique en 2003, la proportion a grimpé à 47% en 2012. Une nette augmentation que Bernard Thibaud, secrétaire général de l’association, explique aisément: «Avec l’aggravation de la crise, le chômage s’installe dans la durée et de plus en plus de chômeurs arrivent au bout de leurs droits à l’indemnisation. Par ailleurs, les emplois sont de plus en plus morcelés et certaines personnes n’arrivent pas à cumuler suffisamment de contrats courts pour avoir le droit d’être indemnisés par l’assurance chômage.»
Le cercle vicieux de la précarité
Parmi les chômeurs sans droits épaulés par le Secours catholique, quatre catégories se dégagent: les seniors qualifiés, qui ont épuisé leurs allocations et n’ont pas réussi à retrouver un emploi, les mères isolées, dont les contraintes familiales les empêchent d’accéder à un emploi pérenne, les migrants récemment arrivés en France et les jeunes de moins de 25 ans qui n’ont pas suffisamment travaillé pour être indemnisés.
Des personnes qui basculent dans la précarité et ont encore moins de chances d’avoir accès à l’emploi, insiste Bernard Thibaud: «Sachant que pour une offre d’emploi disponible, il y a dix chômeurs, les plus pauvres sont désavantagés dans cette compétition. Car ils cumulent souvent des handicaps sociaux (formation insuffisante, adresse dans un quartier difficile, isolement social, problèmes de transports). C’est un cercle vicieux.» L'association observe également une baisse du nombre d’emplois aidés depuis dix ans occupés par les personnes qu’elle aide: alors que ces dernières font partie des publics prioritaires pour l’accès aux emplois aidés, seulement 4% des personnes accueillies en activité occupaient ce type d'emploi en 2012, contre 12% en 2003.
Pour lutter contre cette spirale infernale, le Secours catholique apporte un soutien matériel à ces chômeurs sans droits. Mais pas seulement: «Nous avons créé un système de parrainage pour leur permettre de retisser du lien social ainsi que des ateliers où leurs compétences sont redynamisées. Des premiers pas pour accéder à l’emploi», souligne Bernard Thibaud.