Didier Schuller a remis à la Justice des documents accablants pour Patrick Balkany selon Mediapart
CORRUPTION – Ils font état de plusieurs sociétés dans des paradis fiscaux …Alexandre Sulzer
Didier Schuller devait parler aux juges de Ziad Takkiedine et du financement présumé de Elf à la campagne présidentielle d’Edouard Balladur. Finalement, l’ancien directeur de l’office HLM des Hauts-de-Seine, condamné à de la prison ferme pour financement occulte du RPR, a décidé de régler ses comptes avec Patrick Balkany, le député-maire (UMP) de Levallois-Perret dont il fut l’un des proches.
Selon Mediapart, Didier Schuller a remis jeudi, lors de son audition comme témoin devant les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, des documents qui compromettent son ancien ami. Quatre documents pas réellement nouveaux puisqu’ils apparaissaient déjà dans la procédure judiciaire sur l’affaire des HLM des Hauts-de-Seine mais n’avaient pas été exploités par les magistrats.
1. Un rapport de police de 1998 faisant état d'une holding suisse nommée «Supo» qui a versé 4,8 millions d'euros sur le compte parisien de Patrick Balkany. Les versements ont été effectués en trois fois entre 1989 et 1991 pour racheter près de 50% de la société de prêt-à-porter familiale des Balkany, Laine et soie Réty. Pas vraiment une bonne affaire pour Supo puisque l’entreprise d’habillement est «endettée à hauteur de 28 millions d’euros» et ne vaut pas grand-chose – ces actions seront d’ailleurs revendues «un franc symbolique» quelques années plus tard. Conclusion de l’enquêteur: l’opération «peut avoir servi à masquer le versement de fonds à M. Patrick Balkany, alors président de l’Office départemental HLM du 92». A noter, dans «French corruption» des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, il est précisé que «Supo», une «coquille vide», est domiciliée dans un pavillon de Baar, sans indication spécifique autre que le nom d’une personne aux prises avec la justice helvétique ni ligne téléphonique ouverte au nom de la société.
2. Le second document révèle un versement de 1,7 million d'euros au profit de «Supo» par la société Lecaya. La somme aurait ensuite été transférée sur le compte parisien de Patrick Balkany. Selon Didier Schuller, cité dans «French corruption», l'ayant droit de Lecaya est Patrick Balkany. «C’est par cette discrète société, basée au Liechtenstein que transitaient les fonds issus des marchés publics destinés à Balkany», affirme Didier Schuller dans le livre. Toujours selon lui, cette «anstalt» aurait bénéficié de «la plus grosse part» des fonds de Treuco, une société écran de Zurich qui permettait de faire le lien entre les commissions versées par des groupes du BTP pour l’accès aux marchés publics et le compte bancaire personnel de Didier Schuller.
3. Le troisième est un rapport de police de 2001 sur un compte bancaire de Patrick Balkany sur la partie hollandaise de l'île antillaise de Saint-Martin.
4. Déjà publié par «Le Point», le quatrième document atteste de l'ouverture d'un compte en Suisse par Patrick Balkany au sein de la banque ABN Amro, en juillet 1994. Toujours dans «French corruption», Didier Schuller croit se souvenir qu’à un moment, «il y avait au moins 18 millions de francs, il me l’avait dit».
Didier Schuller est candidat aux élections municipales de Clichy. Il affrontera notamment l’UMP Rémi Muzeau, suppléant de… Patrick Balkany à l’Assemblée nationale.