Hébergement d’urgence: Qu’a engagé ce gouvernement?
SOCIETE – A l'approche de l'hiver, les questions se posent...M. Go.
Alors que la trêve hivernale débute le 1er novembre, les expulsions risquent de s’accélérer dans les derniers jours d’octobre. Et les hébergements d’urgence vont une nouvelle fois devenir un enjeu crucial de la survie de dizaines de milliers de personnes en France.
>> Lire le reportage sur la visite de Jean-Marc Ayrault dans une pension de famille
Une réalité qui existe toute l’année. Début septembre, à Clermont-Ferrand, 300 personnes, en majorité des demandeurs d’asile d’origine kosovare et congolaise, se sont retrouvées à la rue. La raison est financière puisque l'ANEF, l'association qui gère le 115 dans le Puy-de-Dôme, avait en effet décidé de ne plus payer les hôteliers. La faute à l’Etat qui «depuis janvier 2013» n’avait remboursé que 5% environ des 350.000 euros par mois que l’association avait engagés pour loger ces personnes. Dans l’urgence, Le gouvernement a annoncé qu’il allait débloquer 107 millions d'euros pour mieux financer l’hébergement d’urgence.
La problématique des places
En janvier dernier, lors de la présentation de son plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, Jean-Marc Ayrault s’est engagé à créer ou à pérenniser en 2013 5.000 places d'hébergement d'urgence, dont un tiers environ réservé aux femmes victimes de violence. Entre 2013 et début 2014, il est également prévu de mettre à disposition 4.000 nouvelles places destinées aux demandeurs d'asile.
Si les engagements sont tenus, cela augmentera d’autant les 82.890 places en hébergement d’urgence recensées par un rapport de la Cour des Comptes de novembre 2011. «Les places en hébergement d’urgence augmentent régulièrement et progressivement depuis dix ans. Mais elles ne répondent pas à tous les besoins et elles ne doivent surtout pas devenir un palliatif à la crise du logement. Ce que l’on constate depuis le début de la crise en 2008», analyse Christophe Robert, directeur général adjoint de la Fondation Abbé Pierre.
Attendre pour s’enthousiasmer
Car dans ce domaine, les associations ont appris à se méfier. A l’époque du plan Hiver de 2006-2004 100.000 places en hébergement d’urgence avaient été promis. Difficile de savoir combien ont réellement été mises en service. Mais, à l’automne 2011, le rapport de la Cour des Comptes avait expliqué que de plus en plus de personnes vivaient dans la rue en France. Selon ses estimations, en dix ans le nombre de SDF était passé de 85.000 à environ 150.000 personnes.
En attendant la fin du quinquennat, les associations d’aide se félicitent de certaines initiatives comme l’encadrement des loyers ou la garantie universelle des loyers qui devraient permettre à certains d’accéder plus facilement à un logement. Sans non plus s’enthousiasmer. «Disons que l’on se retrouve plus dans la philosophie des choses annoncées par ce gouvernement comme l’encadrement des loyers que dans la France des propriétaires vantées par les gouvernements de Nicolas Sarkozy. Il y a des lueurs d’espoir comme avec l’annonce de la construction de 150.000 logements sociaux. Le problème est de voir si les annonces vont être suivies d’effets. Par exemple, au niveau des logements sociaux, on en est loin», conclut Christophe Robert.