Le mouvement des grève des avocats contre une réforme de l'aide juridictionnelle a entravé le fonctionnement de plusieurs tribunaux à travers la France vendredi, alors que la ministre de la Justice Christiane Taubira annonçait sa suspension.

De nombreux barreaux de France avaient annoncé leur intention de se réunir lundi pour étudier la suite à donner au mouvement en fonction des annonces de Christiane Taubira. Les avocats de Marseille, en grève totale vendredi matin, ont décidé dès l'après-midi de lever le mouvement.

A Nantes, premier barreau à avoir annoncé la grève, les avocats se sont partagé les sessions vendredi matin pour expliquer les raisons du mouvement aux justiciables et demander le report des dossiers. «Tous les dossiers avec avocat ont été reportés et les gens ont très bien compris nos raisons et qu'on se battait aussi pour eux», a dit Me Amel Maugin.

«Grève totale»

A Bordeaux, les audiences pénales et civiles ont été reportées, à l'exception d'un procès d'assises, a déclaré à l'AFP la bâtonnière, Me Anne Cadiot-Feidt. Environ 150 avocats, sur les 1.360 du barreau, se sont rassemblés devant le tribunal. Grève également à Agen (104 avocats).

Dans les Deux-Sèvres, à Niort, les avocats n'assuraient pas les audiences et ne devaient assurer aucune garde à vue ce week-end.

A Limoges, les 164 avocats avaient voté la grève à l'unanimité et la plupart se sont rassemblés dans la matinée devant le tribunal où le bâtonnier a demandé le renvoi de toutes les affaires, a dit Edith Verger, membre du Conseil de l'ordre.

A Evry, les avocats du barreau de l'Essonne ont maintenu leur grève malgré l'annonce de Christiane Taubira. «On s'y attendait un peu, on avait commencé a entendre des bruits de couloirs hier,» a déclaré a l'AFP Me Violaine Papi.

Les avocats de l'Essonne avaient voté une «grève totale», provoquant de nombreux reports d'audience.

Mouvement limité à Lyon

A Lille, l'Union des jeunes avocats et le Syndicat des avocats de France ont «décidé de faire renvoyer toutes les affaires, dès que c'était possible», a affirmé Me Benjamin Marcilly, président de l'UJA Lille. Selon le barreau de Lille, le mouvement était «assez suivi».

En Midi-Pyrénées, les avocats étaient en grève à Auch (Gers) et Cahors (Lot) notamment, n'assurant que les urgences comme les comparutions immédiates, selon l'Ordre des avocats. A Auch, toutes les audiences dans toutes les juridictions ont été supprimées, sauf la session d'assises où les avocats n'étaient pas des locaux, selon l'Ordre.

A Nancy, une soixantaine d'avocats se sont réunis à l'appel de l'UJA devant le Palais de justice avec un brassard. A Strasbourg, une centaine d'avocats, selon la police, se sont rassemblés devant le palais de justice.

Les barreaux de Caen (350 avocats), Coutances-Avranches (Manche, 68 avocats), Lisieux (Calvados), Alençon et Argentan (Orne) étaient en grève. A Caen, selon le bâtonnier Robert Apéry, «la plupart des audiences sont renvoyées». Dans le centre, il y avait des grèves aux barreaux de Tours, Orléans, Montargis, Blois et Bourges. A Orléans, des rassemblements avec demande de renvoi des audiences.

A Lyon, le mouvement était limité, touchant les audiences au tribunal pour enfants. En outre, les consultations gratuites, notamment au Palais de Justice, étaient suspendues, selon la porte-parole du barreau.