TÉMOIGNAGES«Mariage homo»: Cinq mois après l'adoption du texte, «la pression est retombée» selon les internautes

«Mariage homo»: Cinq mois après l'adoption du texte, «la pression est retombée» selon les internautes

TÉMOIGNAGESin avril, plusieurs internautes nous racontaient les préparatifs de leur mariage gay. Cinq mois après l'adoption de la loi, nous les avons recontactés...
Christine Laemmel

Christine Laemmel

Jeremy voulait un mariage «comme les autres» et craignait que des «anti» gâchent la fête. Eric, engagé auprès de SOS Homophobie ne cachait pas le côté «symbolique» de son union. Comment s’est finalement déroulé leur mariage? Cinq mois après l’adoption de la loi, ont-ils l’impression que le «mariage homo» est entré dans les mœurs? Nous les avons -à nouveau- interrogés.


«Nous avons eu une terrible surprise l’avant-veille du mariage». Quand nous reprenons contact avec Jeremy, les premiers échanges nous refroidissent. «Une radio locale a annoncé notre mariage à l’antenne.» Lui qui voulait un mariage discret, c’est raté. En avril, cet internaute nous expliquait s’être «retiré des annuaires téléphoniques» par crainte de représailles. Mais finalement le jour J, ni la presse, ni aucun badaud, ni perturbateur, n’a émaillé leur journée.

«Mon témoin a pu danser avec son copain sur scène et tout le monde s’en foutait royalement»

Pour autant, Jeremy avoue que leur mariage n’a pas été aussi classique que prévu. «On a tenu à ouvrir le bal avec un slow, pratique plutôt traditionnelle, raconte Jeremy. Sauf que nous voir danser un slow, ça, ce n’est pas si classique. Mon témoin a pu danser avec son copain sur scène, et tout le monde s’en foutait royalement. C’est une sensation de liberté exceptionnelle.»


Pour Eric, qui partait confiant, la cérémonie a «scotché» l’assemblée. «C’était le premier mariage gay pour tout le monde» nous dit-il. Il nous parle, la voix encore émue –le mariage a été célébré il y a quelques jours– de son couple, très entouré, d’une cérémonie personnalisée, célébrée par deux amies adjointes au maire, dans un entourage «où [leur] relation est actée depuis longtemps».

Autour de Jérémy, même certains collègues de bureau qu’il pensait «pas très ouverts» l’ont «félicité» et étonné du même coup. «Est-ce que j’avais des craintes démesurées? Peut-être. Je crois surtout que beaucoup de personnes qui ne se sont pas exprimées pendant les débats sont en fait tout à fait pour cette union homosexuelle.»

Le pape François a fait «un grand pas en avant»

De là à dire que le climat est réellement apaisé, il n’y a pas grand-chose. En cinq mois, «Frigide Barjot s’est ridiculisée, estime Jeremy, beaucoup ont compris qu’elle voulait juste attirer l’attention sur elle. Et les mariages gays se sont multipliés, ils se fondent dans la masse». La réaction la plus «surprenante» reste à ses yeux celle du pape François. Celui-ci a récemment tenu des propos qualifiés de «progressistes», refusant de «juger» les gays et invitant à les accueillir dans «la miséricorde». Pour Jeremy et son compagnon, catholiques de baptême, c’est «un grand pas en avant». «J’ai toujours trouvé ça bizarre que les religions nous rejettent alors qu’on peut justement avoir besoin de se ranger derrière notre foi pour affronter nos difficultés».


Pour Eric aussi «la pression est retombée depuis cet hiver», mais «la parole homophobe a été libérée pour de bon». En témoigne selon lui les refus persistants de certains maires à célébrer des mariages gays et le mouvement des «veilleurs», «particulièrement actif à Niort». Délégué régional de SOS Homophobie dans les Deux-Sèvres, Eric reprendra son action avant la fin de l’année. En relançant les interventions de bénévoles en milieu scolaire. «Le combat est loin d’être terminé.»