Valls lance un «plan national» de lutte contre les cambriolages
SECURITE•Les cambriolages et les vols à main armée ont explosé en France ces derniers mois, notamment dans les zones rurales et péri-urbaines...20 Minutes avec AFP
Manuel Valls a décrété mercredi la guerre aux cambriolages et aux vols à main armée, qui explosent en France notamment dans les zones rurales et péri-urbaines, en lançant un «plan national» passant par la mobilisation des forces de l'ordre. Le ministre de l'Intérieur a présenté ce plan, qui se décline en seize mesures, lors d'une conférence de presse place Beauvau.
Évoquant la «persistance» de ce phénomène malgré des «résultats très concrets dans de nombreux domaines», il a précisé que le premier aspect du plan était de «définir une stratégie (...) ciblant les délinquants d'habitude et les filières». Le second, a-t-il fait valoir, est «d'occuper la voie publique», avec la présence «accrue» et «dissuasive» des forces de l'ordre, de «mobiliser les partenaires des forces de sécurité» et de «mieux protéger les commerçants».
S'attaquer aux filières
Concrètement, au rang des mesures, figurent un «volet international» pour s'attaquer aux filières, un plan anti hold-up activé dans douze départements critiques, le recours à l'ADN chimique dans certains commerces, avec le déclenchement d'un «nuage marquant» les cambrioleurs. Ou un «bouton pressoir» d'alerte du 17 police-secours, également pour les commerçants, en cas d'agression. «Il faudra du temps», a déclaré Manuel Valls, qui compare ce chantier de rentrée à celui des zones de sécurité prioritaires (ZSP) lancé il y a un an et où les cambriolages ont diminué, selon lui, de près de 3%.
«Depuis plus de cinq ans, le nombre des cambriolages ne cesse de progresser», a-t-il dit, citant une «hausse cumulée de 2008 à 2012» de 18% et même 44% pour les vols par effraction dans les résidences principales. Depuis début 2013, a-t-il poursuivi, leur augmentation est de 8%.Les vols à main armée ont augmenté également depuis le début de l'année ( 5,8% en zone police, 7,8% en zone gendarmerie) et il y en a eu 5.300 en 2012. Mais «rien de comparable», selon Manuel Valls, avec les cambriolages. Cette tendance à la hausse des cambriolages est une préoccupation majeure des élus, qui s'en inquiètent auprès du ministre de l'Intérieur quasiment à chacun de ses déplacements sur le terrain.
«Vergers pillés»
Les résidences sont visées, mais aussi les exploitations agricoles. La FNSEA, principal syndicat des agriculteurs, a demandé à Manuel Valls au début du mois «de toute urgence» les «moyens nécessaires» pour renforcer la surveillance de leurs exploitations. Le syndicat évoque des «cultures de vergers pillées», des «réservoirs des tracteurs siphonnés», des «câbles d'irrigation arrachés», des «animaux dépecés».
Les forces de l'ordre estiment avoir affaire à des gangs organisés issus de «pays de l'Est», très mobiles, et qui «font preuve d'une réelle audace». Selon elles, on vole «de tout», métaux ou cuivre en raison des cours en hausse, mais aussi moteurs de bateaux, de tracteurs ou d'ULM, qui sont aussitôt acheminés et recyclés dans les pays de l'Est.
En dehors de la délinquance locale ou itinérante traditionnelle, il y a des organisations criminelles «très structurées» de deux types. Les premières (Georgiens, Moldaves, Roumains) «pyramidales», avec des chefs, des «surveillants» et des équipes de cambrioleurs de 4 à 5 personnes. Le butin part immédiatement à l'étranger, comme les bijoux démontés, qui vont à Anvers.
Les secondes, «claniques» (Roms roumains et bulgares, tsiganes serbes), avec chefs et contremaîtres qui font travailler des jeunes majeurs ou des mineurs. Ils se «revendent» entre eux les jeunes filles, qui sont les meilleures cambrioleuses, jusqu'à 80.000 euros. Les équipes sont convoyées par camping-car dans les zones pavillonnaires qui sont systématiquement visitées. Le ministre en a appelé également à la «mobilisation de tous nos concitoyens», annonçant par ailleurs une campagne d'information sur le « 17». La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a annoncé pour sa part, dans un communiqué, une prochaine «circulaire de politique pénale» sur ce «phénomène criminel», l'entourage de Manuel Valls précisant qu'il y aurait des «conférences communes» procureurs/préfets.