Les cartables trop lourds, un fléau à qui l’on tourne le dos
EDUCATION – A partir de lundi jusqu’au 5 octobre, 270 masseurs-kinés offriront des consultations gratuites aux élèves de CM1, CM2 et, pour les sensibiliser au mal de dos…Delphine Bancaud
Le poids des habitudes qui ne changent pas? A chaque rentrée scolaire, la FCPE (principale fédération de parents d'élèves) monte au créneau pour dénoncer les cartables trop lourds, et pourtant rien ne change. Elle organise en partenariat avec le syndicat national des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR), la campagne nationale «M'ton dos», à partir de lundi jusqu’au 5 octobre. Lors de celle-ci 270 kinés offriront des consultations gratuites aux élèves de CM1, CM2 et 6e, pour les sensibiliser au mal de dos.
«Le poids moyen d’un cartable pour un élève de 6e est toujours de 8,5 kg, soit l'équivalent d'un pack de 6 bouteilles d'eau sur le dos», déplore Paul Raoult, président de la FCPE. Et ce malgré une directive du ministère de l'Education nationale de 2008 stipulant que le sac d'un écolier ne doit pas dépasser 10% de son poids. «Mais force est de constater que ce texte n’est pas respecté, comme si c’était moins grave de faire soulever un poids lourd à un enfant qu’à un adulte», s’enflamme Frédéric Srour, vice-président du SNMKR.
Des problèmes de santé pour les futurs adultes
Pourtant les conséquences sur la santé de l’enfant sont bien réelles: «Les écoliers présentent souvent des contractures dans le dos dus au port de charge trop lourdes. Ceux qui portent leur cartable toujours du même côté présentent aussi des asymétries de postures. Enfin certains souffrent d’une altération du disque intervertébrale», souligne Frédéric Srour. Des problèmes qui peuvent s’aggraver à l’âge adulte «D’ailleurs, le mal de dos coûte 2 milliards d'euros et 9 millions de journées d'arrêt de travail chaque année à la Sécurité Sociale», précise Paul Raoult.
Alors pourquoi tant d’immobilisme face à un tel fléau? « Ce n’est tout d’abord pas la priorité des principaux de collège, car ils estiment avoir des problèmes plus urgents à régler. Ils pourraient pourtant mettre en place des casiers permettant aux élèves de déposer leurs livres le matin. Ou concevoir les emplois du temps en prenant en compte le matériel dont les écoliers doivent se munir dans telle ou telle discipline» explique Paul Raoult. Qui déplore aussi le manque de volontarisme de l’Education nationale sur le sujet, «alors qu’il faudrait lancer une campagne nationale pour inciter les équipes pédagogiques à agir».
Parents, enseignants, éditeurs appelés à agir
Autre facteur qui explique la stagnation du problème selon Frédéric Srour: «Alors que l’enquête de la campagne «M’Ton Dos 2012» a montré que 64% des enfants interrogés avaient ressenti au moins une fois des douleurs de dos au cours de l’année, ils s’en plaignent rarement à leurs proches. Car ils ont appris à faire avec cette douleur lancinante. Et leurs parents ne râlent pas toujours assez sur ce sujet, ce qui n’incite pas l’institution à bouger».
Les enseignants ont aussi leur part de responsabilité selon Paul Raoult : «Ils ne prennent pas le temps de mettre en place une organisation permettant de réduire le port de charges pour les élèves. Pourtant, il est tout à fait possible de leur demander de fonctionner en binôme et d’amener un livre sur deux en classe. Les enseignants peuvent aussi réduire la taille des cahiers qu’ils demandent aux élèves, privilégier les lutins aux classeurs…». Enfin, en attendant la généralisation des manuels numériques qui réglera définitivement le problème, Frédéric Srour suggère aux éditeurs scolaires de réduire le volume des manuels papier. Un avis partagé par la FCPE qui s’apprête d’ailleurs à leur demander d’afficher le poids des manuels en 4 eme de couverture…