SOCIETEVIDEO. Des petites filles formatées?

VIDEO. Des petites filles formatées?

SOCIETEQuels modèles sont donnés aux pré-adolescentes pour devenir des femmes?...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Tu seras une femme, ma fille. Mais quelle femme? La bimbo de la téléréalité, la chanteuse pop délurée, la maman dévouée, la carriériste effrénée? Alors que le champ des possibles semble s’ouvrir pour les filles, Catherine Monnot, docteure en anthropologie sociale et culturelle, montre dans son ouvrage Petites filles, l’apprentissage de la féminité (éd. Autrement) qu’elles restent conditionnées par les images traditionnelles de la féminité.

>> Lire l’interview intégrale de Catherine Monnot

Ainsi, si les pré-ados de 2013 écoutent Beyoncé et Selena Gomez, chattent sur Facebook et regardent la téléréalité, elles rêvent toujours de devenir infirmières et de rencontrer le prince charmant. Sarah, 13 ans, et Manon, 9 ans, en sont déjà certaines: elles veulent devenir médecins parce qu’elles aiment «s’occuper des autres». Sofia, 9 ans, nous explique même qu’il y a «des métiers réservés aux hommes», comme pompier ou policier, «parce qu’une fille, elle ne va pas aller arrêter un bandit». Pour Catherine Monnot, «le choix d’un métier reste très conditionné par les jeux, très respectueux des rôles sociaux: les femmes sont associées aux domaines de l’art, du social, de l’esthétique, de la maison, tandis que les garçons ont des jeux de construction, scientifiques, d’extérieur…»



Si les filles restent les meilleures élèves dans les petites classes, elles renoncent souvent à de longues études «avant même d’avoir échoué», commente la sociologue. «Les valeurs avec lesquelles les filles sont élevées coïncident parfaitement avec celles de l’école: calme, respect, capacité à reproduire un modèle, application, discipline… On tolère davantage des garçons le bavardage, l’indiscipline, le fait de s’affranchir du carcan. Plus tard, ils trustent les places dans les grandes écoles et dans le monde du travail parce qu’ils ont une meilleure image d’eux-mêmes et sont décomplexés», explique-t-elle.

>> Le point de vue d’une psychanalyste, à lire par ici

Les filles ont beau admirer des chanteuses prônant le «girl power», la féminité reste pour elle caractérisée par «le maquillage, les vêtements», comme le dit Sofia. «Le «girl power» est paradoxal car il est encadré par une industrie musicale et médiatique gouvernée par des hommes, observe Catherine Monnot. Quand il y aura des femmes productrices, réalisatrices, directrices de chaîne, on pourra prendre le «girl power» au sérieux».

>> Faut-il élever les filles et les garçons de la même manière? Le débat à lire par ici.