Numérique à l'école: «L'informatique, ça donne envie de travailler»
EDUCATION•Alors que Vincent Peillon se déplacera dans un «collège connecté» jeudi, «20 Minutes» a visité celui de Goussainville. Une pédagogie très high-tech...Delphine Bancaud
A la place de la craie et du tableau noir, le stylet et le tableau numérique interactif. Inauguré en 2008, le collège Georges-Charpak de Goussainville (Val-d'Oise) est devenu la tête de pont des établissements numériques en Ile-de-France. Si bien qu’il fait partie des 23 collèges labellisés «connectés» par le ministère de l’Education à la rentrée 2013.
Une distinction que Vincent Peillon met en lumière ce jeudi lors d’un déplacement au «collège connecté» Leonard de Vinci de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). Grâce à ce label, les 23 établissements bénéficient de dotations spécifiques du ministère pour intégrer davantage le numérique dans les enseignements. «Avec cette enveloppe, on va pouvoir acquérir des manuels numériques dans toutes les matières», annonce fièrement Xavier Domenech, le principal du collège Georges-Charpak.
Des salles de cours bien équipées
Une pierre de plus à cet édifice déjà très en pointe sur les nouvelles technologies. Car chaque salle de cours est équipée d’un tableau numérique et chaque enseignant dispose d’un PC. Une salle multimédia est aussi dotée de 30 PC et 24 ordinateurs portables sont mis à disposition des enseignants, en fonction de leurs besoins. Depuis septembre, le collège possède aussi un mur interactif qui permet par exemple à deux groupes d’élèves de travailler dessus.
A peine a-t-on franchi le portail du collège, qu’un premier détail frappe le regard. Dans le hall d’accueil, un tableau dynamique permet au principal d’informer les élèves de l’absence de certains profs ou d’animations prévues dans l’établissement. Car ici, la communication a été grandement facilitée par les nouvelles technologies. Les élèves, leurs parents et les enseignants sont ainsi en relation via un ENT (environnement numérique de travail). Ce bureau virtuel permet aux élèves de consulter leur emploi du temps, leur cahier de textes, ou des ressources pédagogiques. Et à leurs parents de jeter un œil sur les notes et les absences de leur enfant. «Grâce à l’ENT, je peux aussi retrouver les cours lorsque j’ai été absente et envoyer des mails à mes profs lorsque j’ai une question à poser», raconte Nora élève de 5eme.
De nouvelles façons d’évaluer les élèves
Dans les salles de classe, le numérique a également transfiguré les cours. «Grâce au tableau numérique, j’évite encore plus d’utiliser le français pendant mes cours en passant par des visuels», explique Jennifer Vieira, professeur d’anglais. Démonstration en direct. Après avoir affiché une image au tableau, l’enseignante la fait commenter à ses élèves. Puis à l’aide de son stylet, elle fait apparaitre des mots de vocabulaire. Pour varier les approches, elle leur fait ensuite écouter une vidéo, puis compléter un exercice à trous au tableau. Une gymnastique rendue possible grâce aux multiples formations que l’enseignante reçoit chaque année pour toujours mieux maitriser les richesses du numérique.
Les modes d’évaluation ont aussi changé: «Je filme ou enregistre mes élèves à l’oral. Ça les aide à comprendre leurs fautes», souligne-t-elle. Une pédagogie qui semble efficace à en croire Virgile, élève de 3eme: «J’ai de meilleures notes ici qu’en primaire, car l’informatique, ça donne envie de travailler. Et avec le tableau interactif, on peut revoir les cours précédents car les profs peuvent faire des allers et retours.» Même enthousiasme chez Nora: «C’est plus vivant d’assister à des cours sur un tableau numérique. J’utilise aussi une application sur l’ENT qui pour faire des exercices de français, de maths et d’anglais lorsque je rentre chez moi. Grâce à ça, j’ai l’impression d’avoir progressé.»
Une motivation qui se retrouve dans les résultats des élèves selon Xavier Domenech: «Le numérique aide les élèves en difficulté à ne pas décrocher et même parfois à raccrocher». Autre satisfaction du principal: le collège réussit à réduire la fracture numérique. «Même ceux qui ne disposent pas d’ordinateur chez eux peuvent faire leurs devoirs dans les salles multimédias. C’est un atout pour la suite de leur parcours scolaire», estime-t-il. Reste que pour Virgile, le passage en seconde reste un peu angoissant: «Comment ferais-je si je tombe dans un lycée à l’ancienne?» s’interroge-t-il.