Nice: un braqueur abattu par un bijoutier

Nice: un braqueur abattu par un bijoutier

Un homme qui venait de braquer une bijouterie avec un complice à Nice a été tué par balle mercredi matin par le propriétaire de la boutique, qui a été placé en garde à vue pour homicide volontaire.
© 2013 AFP

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Un homme qui venait de braquer une bijouterie avec un complice à Nice a été tué par balle mercredi matin par le propriétaire de la boutique, qui a été placé en garde à vue pour homicide volontaire.

Il est 08H45 lorsque le commerçant ouvre sa petite boutique, "La Turquoise", relevant le rideau métallique à mi-hauteur, a expliqué à l'AFP le procureur de la République à Nice, Eric Bedos.

Alors qu'il est au fond du commerce en train de désactiver l'alarme qui le protège, "interviennent deux jeunes gens, grands, casqués, l'un portant un sac de sport, l'autre a un fusil à pompe, semble-t-il", au vu des images enregistrées par la vidéosurveillance, a indiqué le magistrat.

"Celui qui a le fusil menace le commerçant et lui porte des coups de poing et de pied pour le conditionner", puis "ils lui demandent d'ouvrir le coffre" qui se trouve à côté de son comptoir, a-t-il ajouté.

Le commerçant obtempère et les deux malfaiteurs s'emparent de bijoux - dont le montant n'a pas encore été estimé - qu'ils placent à l'intérieur du sac, avant de repartir, vraisemblablement sur un scooter de grosse cylindrée, "qui n'a pas été retrouvé", selon M. Bedos.

Le commerçant se saisit alors d'une "arme de poing" et, depuis le pas de son commerce, "fait feu à trois reprises", touchant "au moins une fois le passager dans le dos" qui succombera quelques minutes plus tard "sur le pavé", selon le magistrat.

Le corps a été retrouvé dans une rue adjacente, en plein quartier commerçant du centre de Nice.

Le conducteur a, lui, réussi à prendre la fuite, emportant le fusil à pompe.

Des bijoux qui faisaient partie du butin ont été retrouvés sur le corps de la victime, selon une source policière.

Dégoût" et "ras le bol"

La boutique attaquée avait déjà fait l'objet d'un "vol à la disqueuse" en 2012 pour un préjudice de "34.000 euros", a déploré Yann Turk, le fils du bijoutier arrêté, joint par l'AFP.

Le jeune homme fait part de son "dégoût" et de son "ras-le-bol" après ce énième braquage dans la région. "Tous les jours, on ouvre avec la boule au ventre, surtout depuis l'affaire Unik" à Cannes en 2011, un braquage au cours duquel un bijoutier avait été abattu d'une balle dans la tête par un des malfaiteurs.

"On sait que le passage à l'acte est très facile", même si la boutique est "bien sécurisée, avec alarme et télésurveillance", estime-t-il.

Non loin de la bijouterie braquée, Michel Unik, le frère jumeau du commerçant abattu à Cannes, venu sur les lieux en "solidarité" avec le bijoutier arrêté, a fait part de son "inquiétude pour la profession". "Il n'y a pas un jour où il n'y ait une bijouterie braquée en France", a-t-il déploré.

Le maire UMP de la ville, Christian Estrosi, et le président du conseil général Eric Ciotti (UMP) ont appelé le gouvernement à prendre des mesures pour renforcer la sécurité des commerçants.

L'antenne des Alpes-Maritimes du syndicat Unsa police a fait part "de sa vive inquiétude quant à la multiplication des braquages de bijouterie" dans le département, estimant que "l'exaspération des commerçants développe inéluctablement ce sentiment qui consiste à vouloir rendre la justice soi-même".

Interrogé par l'AFP, Jacques Morel, référent sécurité de l'Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles, constate "un certain tassement" du nombre de faits enregistrés à l'encontre des professionnels du secteur de l'or et de la bijouterie (bijoutiers, transporteurs, fabricants, etc.) depuis 2012 en France. Mais les chiffres montrent "une augmentation des violences enregistrées par rapport aux faits", que l'"on retrouve encore davantage (...) au premier trimestre 2013", assure ce spécialiste.

Selon lui, 580 attaques (vols à main armée, cambriolages, séquestrations, vols avec violence, etc.) ont été enregistrées en 2012, 260 au premier semestre 2013.

Série de braquages sur la Côte d'Azur

La dernière affaire de ce type remonte au 19 juillet 2012, quand un bijoutier a tué un homme qui tentait de braquer son établissement, dans le VIIe arrondissement de Paris.

Ce hold-up niçois intervient après une série de braquages sur la Côte d'Azur, notamment au sein de l'hôtel Carlton de Cannes, qui louait durant l'été un espace pour une exposition-vente du joaillier israélien Leviev, cible d'un casse record fin juillet.

Des renforts de policiers et gendarmes (143 au total) ont été déployés à Cannes et Nice cet été, selon le ministère de l'Intérieur. Un nouveau plan de sécurisation des zones touristiques est en outre testé depuis la mi-juin dans ces deux villes. Dans son communiqué, Unsa police demande son extension à tout le département.

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