Agression d'un infirmier dans un hôpital de Marseille: «Tous les jours on subit des violences verbales»
FAITS DIVERS•Après l'agression dimanche d'un infirmier à la Conception à Marseille, le personnel continue son service...A Marseille, Amandine Rancoule
La colère domine. Aux urgences de l’hôpital de la Conception (5e) à Marseille, le personnel est à bout. Après l’agression à l’arme blanche d’un de leur collègue dimanche matin, infirmiers et médecins ont pourtant continué leur service. Et l’interpellation lundi à Carnoux (13) par la brigade criminelle de la Sûreté d’un des trois agresseurs présumés d’un jeune homme en ville, puis de l’ infirmier, ne calme pas leur sentiment d’injustice. «On est là pour soigner les gens, pour les soulager, estime un aide soignant. On voudrait parfois de la reconnaissance et des remerciements plutôt que des coups de couteau.»
«Je pense qu’ils n’ont pas souhaité décliner leurs identités»
Dimanche à 5h30, une rixe éclate à proximité du cours Jean Ballard (1er). Trois individus poignardent au thorax un jeune homme de 18 ans, décédé ce lundi a-t-on appris auprès de l’assistance publique des hôpitaux de marseille (APHM). Les agresseurs prennent la fuite à bord d’une Toyota Yaris dont le numéro d'immatriculation a été relevé par la police municipale, selon le parquet. Ils se rendent alors à la Conception afin de soigner leurs blessures.
«Ils se sont présentés à l’accueil vers 5h50 et, comme partout, il faut procéder à un enregistrement administratif, avec déclinaison d’identité et numéro de sécurité sociale, indique Bastien Ripert, le directeur de cabinet à l’APHM. Je pense qu’ils n’ont pas souhaité décliner leurs identités. L’infirmier d’accueil a analysé la pathologie et a décidé du taux de gravité. Dans ce cas là, ce n’était pas une urgence vitale. Il a alors reçu un coup de couteau à l’avant bras et les individus ont pris la fuite», ajoute-t-il. La blessure est superficielle mais, choquée, la victime est en arrêt de travail pour dix jours.
Le personnel peu rassuré
A Marseille, les agressions physiques de ce type arrivent rarement, selon le chef des urgences. «En revanche, les agressions verbales sont très fréquentes. Mais c’est un mal qui existe partout en France, explique Marc Alazia, professeur de médecine et chef de service des urgences. Peut-être faudrait-il prévoir d’installer des forces de police dissuasives et bien visibles. Par exemple, un maitre chien pour que les individus aux tendances agressives se calment.»
«Face à cette forme de violence, il faut assurer la sécurité du personnel, pense aussi Bastien Ripert. Et sans l’aide des forces de police, nous n’y arriverons pas.» En service aux urgences lundi, Delphine, une infirmière avoue n’être «jamais rassurée, surtout à l’accueil. Tous les jours, on subit des violences verbales et de plus en plus. Heureusement qu’on aime notre métier. Mais il faudrait une présence policière pour calmer toute cette agressivité ».
«S’il faut des policiers même aux urgences, allons y»
Lundi, une vingtaine de personnes, assises ou debout, patientent aux services des urgences de la Conception. A l’entrée, deux jeunes femmes attendant la prise en charge de leur frère. «Dans tous les services publiques, les agents subissent l’agressivité des gens, pense Stella. Ça fait un moment que l’on est là, et on n’est toujours pas passé. Mais, ce qui choquant ici, c’est l’agression dans un hôpital ». «S’il faut des policiers même aux urgences, allons y, intervient sa sœur. Pour les patients et la famille qui attendent, ça peut aussi être rassurant», précise-t-elle alors que son frère est appelé pour être soigné.